Le dirigeant de centre gauche Lee Jae-myung a confortablement gagné la présidentielle de mardi 3 juin en Corée du Sud, marquée par une participation massive des électeurs désireux de tourner la page après six mois de chaos politique consécutifs à l’éphémère proclamation de la loi martiale.
Selon des résultats officiels portant sur plus de 98 % des bulletins de vote, M. Lee l’emporte avec 49,2 % des suffrages, contre 41,5 % pour son rival conservateur Kim Moon-soo, selon les chiffres publiés par la Commission électorale nationale. M. Kim a reconnu sa défaite. « J’accepte humblement le choix du peuple. Félicitations au candidat élu Lee Jae-myung », a déclaré M. Kim devant la presse à Séoul.
Le nouveau président élu de Corée du Sud, qui prendra ses fonctions dès mercredi, a promis de « ne pas décevoir les attentes du peuple » et a lancé un appel à l’unité de son pays polarisé à l’extrême. « Nous avons peut-être eu des points de vue différents, des positions différentes et porté des couleurs différentes pendant un certain temps. Mais aujourd’hui, nous sommes tous le même peuple fier de cette grande nation. Marchons ensemble », a lancé devant ses partisans en liesse cet ancien ouvrier de 60 ans.
Six mois de chaos politique
L’élection survient après six mois de chaos politique causé par la tentative ratée du précédent chef de l’Etat, Yoon Suk Yeol, issu du parti de droite, d’imposer la loi martiale.
Lee Jae-myung, un ancien ouvrier devenu avocat spécialisé dans les droits humains, âgé de 60 ans, s’était distingué ce soir-là en diffusant en direct sa course effrénée vers le Parlement cerné par l’armée. Il avait réussi à se faufiler avec près de 200 autres députés pour voter une motion mettant en échec le coup de force de M. Yoon.
« Plus jamais les armes (…) ne seront utilisées pour intimider le peuple dans le cadre d’un coup d’Etat militaire », a déclaré mercredi M. Lee.
Taux de participation élevé
Après avoir frôlé la mort en 2024 lors d’une tentative d’assassinat, il a fait campagne en gilet pare-balles et prononcé ses discours derrière des vitres blindées. Son adversaire Kim Moon-soo, un ex-dirigeant syndical de 73 ans, a au contraire refusé de s’excuser pour son parti au lendemain de la débâcle.
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Cet épisode explique en partie le taux de participation très important, qui s’est établi à 79,4 %, le plus élevé depuis vingt-huit ans.
Il a joué en faveur du candidat progressiste, pourtant visé par de nombreuses poursuites judiciaires pour abus de confiance et corruption. Début mai, la Cour suprême sud-coréenne a annulé sa relaxe dans une affaire d’infraction à la loi électorale et ordonné un nouveau procès, qui pourrait ouvrir la voie à son inéligibilité à la fin de son mandat de président.
Pour Minseon Ku, postdoctorante au William and Mary Global Research Institute, la victoire de Lee « ne reflète donc peut-être pas sa popularité, mais plutôt les profonds bouleversements politiques que traverse la Corée du Sud ». L’élection a été « largement perçue comme un référendum sur l’administration précédente, avec Lee Jae-myung bénéficiant du soutien le plus fort parmi les électeurs centristes », analyse Kang Joo-hyun, professeure de sciences politiques à l’université féminine Sookmyung.
Prise de fonction rapide
Le scrutin étant destiné à combler le vide à la tête de l’Etat, le vainqueur sera investi dès que la Commission électorale nationale aura certifié les résultats, probablement mercredi 4 juin au matin. Une sobre cérémonie de prise de fonctions doit avoir lieu en milieu de journée au Parlement.
Les milieux d’affaires attendent avec impatience l’arrivée d’un président stable pour piloter la quatrième économie d’Asie. Le futur président devra faire face à une crise économique qui s’aggrave, tandis que le taux de natalité reste l’un des plus bas au monde et que le coût de la vie augmente.
Il devra également répondre à la menace de son imprévisible voisin nord-coréen, et se positionner dans l’affrontement entre les Etats-Unis, garant traditionnel de la sécurité du pays, et la Chine, son principal partenaire commercial.