Nouveau coup dur pour le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Le numéro trois du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Santos Cerdan, a annoncé, jeudi 12 juin, sa démission après sa mise en cause dans une affaire de corruption présumée qui empoisonne depuis des mois le chef du gouvernement.
Un rapport de police « révèle l’existence d’indices concordants concernant la possible participation » du secrétaire de l’organisation du PSOE, le député Santos Cerdan, présumé « complice avec l’ex-ministre José Luis Abalos et avec Koldo Garcia Izaguirre dans l’attribution indue d’un contrat public » pour laquelle il aurait touché de l’argent, a estimé, jeudi, un juge du Tribunal suprême.
Chargé d’une enquête pour corruption liée à l’achat d’équipements de santé pendant la pandémie due au Covid-19 et visant notamment l’ancien bras droit du premier ministre socialiste José Luis Abalos, ce magistrat se penche aussi sur de possibles attributions arrangées de marchés publics.
Accueilli aux cris de « Démission, démission ! » par les députés de l’opposition jeudi matin, Santos Cerdan a annoncé dans l’après-midi renoncer à son poste d’élu, comme à sa fonction au sein du PSOE, dont le numéro un est le premier ministre, Pedro Sanchez.
« Afin de défendre le Parti socialiste auquel ce pays doit tant, et afin de défendre ce gouvernement, j’ai décidé de présenter ma démission de tous mes postes », a-t-il écrit dans un communiqué, assurant toutefois « n’avoir jamais rien commis d’illégal ». L’ancien député a déclaré qu’il se présenterait de son plein gré à la justice le 25 juin, comme l’y avait invité le juge du Tribunal suprême, « pour éclaircir toutes les questions » qui lui seront posées.
Des enregistrements de conversations publiés
Sa position était difficilement tenable depuis la publication, jeudi, dans la presse d’extraits d’enregistrements de conversations qu’il aurait eues avec José Luis Abalos et l’un des anciens conseillers, Koldo Garcia, dans lesquelles les trois hommes semblent évoquer le paiement de commissions occultes par des sociétés en échange de marchés publics.
La démission de Santos Cerdan survient alors que les enquêtes judiciaires visant des proches du premier ministre, Pedro Sanchez, se multiplient ces derniers mois.
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Outre José Luis Abalos, sa femme, Begoña Gomez, est visée par une enquête pour corruption et trafic d’influence, son frère, David, doit bientôt être jugé pour trafic d’influence, et le procureur général, le plus haut magistrat du parquet, nommé sur proposition du gouvernement de gauche, est très proche d’un procès pour des fuites d’information.
La liste des dossiers qui font régulièrement la une de la presse et empoisonnent la vie du premier ministre, qui a besoin de l’appui de ses alliés d’extrême gauche et de partis catalans et basques à l’Assemblée, est longue.
« J’imagine que les doutes se sont dissipés, si quelqu’un en avait, autour de ce que nous pensons être un complot mafieux derrière le parti du gouvernement et le gouvernement », a réagi le chef de file du premier parti d’opposition, le Parti populaire (PP, droite), Alberto Nuñez Feijoo.
Dimanche, à l’appel du PP, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Madrid pour protester contre le gouvernement du premier ministre, Pedro Sanchez, l’accusant de corruption.
« Nous pensons que dans ces cas, les citoyens exigent de nous de la fermeté. Ils exigent que nous soyons absolument clairs dans la lutte contre la corruption. Et aujourd’hui, nous devons demander au Parti socialiste des mesures fermes et qu’il écarte M. Santos Cerdan », a déclaré jeudi, avant la démission de Santos Cerdan, le ministre de la culture, Ernest Urtasun, issu de la coalition d’extrême gauche Sumar.
Pedro Sanchez, lui, doit s’exprimer vers 17 h 15 au siège du PSOE, dont il est le secrétaire général.