Au nord de l’Europe, les dirigeants tentent de faire bonne figure face à la victoire de Donald Trump. Les uns après les autres, ils ont félicité le candidat républicain, mercredi 6 novembre, en début de matinée. Mais derrière les messages polis perce l’inquiétude de voir les Etats-Unis se désengager en Ukraine et au sein de l’OTAN, mettant en jeu la sécurité de la région, en première ligne face à la Russie.
Sur X, le président lituanien, Gitanas Nauseda (indépendant), rappelle que les Etats-Unis sont « un allié stratégique clé » de son pays et que « l’unité transatlantique est cruciale ». Il prend soin aussi de préciser que la Lituanie « alloue actuellement 3,5 % de son produit intérieur brut [PIB] à la défense et va continuer d’augmenter [ses] investissements ». La veille, il estimait que l’Europe ne pouvait pas « compter uniquement sur les Etats-Unis pour sa sécurité », mais qu’elle devait « développer [ses] propres muscles ».
Même son de cloche à Riga, où la première ministre lettone, Evika Silina (centre droit), affirme que la priorité de son pays est de « continuer à renforcer les liens transatlantiques ». Elle aussi tient à souligner que « la Lettonie consacre plus de 3 % [de son PIB] à sa défense ». Le chef du gouvernement estonien, Kristen Michal (libéral), exhorte, pour sa part, le prochain président des Etats-Unis à « renforcer la relation transatlantique et [à] ne pas laisser les agresseurs l’emporter ».
Les dangers d’un désengagement en Ukraine
En Finlande, le chef du gouvernement, le conservateur Petteri Orpo, estime lui aussi que « l’Europe doit jouer un rôle plus important » et « ne [doit] pas compter autant sur le soutien des Etats-Unis ». Sur la chaîne de télévision Yle, il a mis en garde contre les risques d’un accord de paix imposé aux Ukrainiens : « L’histoire nous a appris que si les grands s’entendent par-dessus la tête [des autres], ce n’est pas dans l’intérêt d’une petite nation ou d’une nation indépendante, et nous espérons que cela sera clairement pris en compte lorsqu’un accord de paix sera finalement conclu. »
Lors d’une conférence de presse à Stockholm, le premier ministre suédois, Ulf Kristersson (conservateur), qui a assuré que son pays s’était préparé à tous les scénarios, a évoqué le soutien à l’Ukraine et les dangers d’un désengagement des Etats-Unis. « Il n’y a aucun autre sujet ayant une valeur aussi existentielle pour notre partie du monde », a-t-il martelé, estimant que l’Europe devait faire plus et œuvrer à « sa souveraineté ». Il s’est aussi ému des risques d’un « protectionnisme accru » de la part de Washington, qui pourrait être dévastateur pour l’économie suédoise, extrêmement dépendante des exportations.
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