L’effet était attendu et redouté depuis la décision de la Cour suprême, en 2019, d’accorder aux hindous le droit de construire un temple sur les ruines de la mosquée de Babur, à Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh, détruite deux décennies plus tôt par leurs soins.
Depuis ce jugement historique, une vague de recours s’est propagée en Inde pour tenter de récupérer des lieux de cultes musulmans, en affirmant qu’ils ont été construits sur des sites hindous durant la période des souverains moghols qui régnèrent de 1526 jusqu’à l’arrivée des Britanniques, en 1857. La Cour suprême a ouvert la boîte de Pandore.
Ce mouvement a pris une telle ampleur que le président de la haute juridiction, Sanjiv Khanna, a décidé, le 12 décembre, d’interdire aux tribunaux civils d’enregistrer tout nouveau procès ou de rendre des ordonnances dans des affaires en cours demandant l’inspection de mosquées afin de vérifier si des structures de temple se trouvent en dessous. Au total, dix affaires sont pendantes devant les tribunaux.
Cette décision est intervenue après un embrasement de violence autour de la mosquée Jama Masjid, une des plus ancienne d’Inde, dans la ville de Sambhal, en Uttar Pradesh. Des requérants hindous ont saisi le tribunal local en affirmant que la mosquée du XVIe siècle avait été construite sur le site d’un temple détruit par le souverain Babur (1526-1530), fondateur de la dynastie moghole qui fit édifier trois grandes mosquées, à Ayodhya, Panipat et Sambhal. Pour eux, la mosquée est un lieu saint hindou.
Il vous reste 76.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.