Masoud (qui parle sous le couvert de l’anonymat) est né dans la grande ville côtière iranienne de Bandar-e Abbas et y vit, sur les rives du détroit d’Ormuz, à un millier de kilomètres au sud de Téhéran. La porte de la maison de son frère, près du port, a été arrachée par l’explosion qui a ravagé, samedi 26 avril en milieu de journée, le port Chahid Rajaï. « Il a eu de la chance de ne pas être à la maison au moment de l’explosion », dit-il. L’un de ses amis, employé au port, a perdu l’ouïe d’une oreille. Le samedi étant un jour travaillé en Iran, Masoud se demande ce qui est arrivé aux employés des entreprises établies sur le site, victime de l’un des plus graves accidents industriels qu’a connus le pays ces dernières années.
Chahid Rajaï, une installation stratégique, était toujours la proie des flammes lundi. Un nouveau bilan établi par les autorités faisait état de 65 personnes mortes et plus de 1 200 blessés pour un nombre encore inconnu de disparus. « Alors que le bruit gigantesque de l’explosion a été entendu à 50 kilomètres, les gens qui étaient en train de travailler près de la déflagration ont sûrement été réduits en poussière. “Portés disparus” veut dire ici “brûlés et morts” », ajoute Masoud. « Aujourd’hui [dimanche], vingt-quatre heures après, la ville est vide. Les gens restent chez eux, par peur d’être empoisonnés par des vapeurs toxiques présentes dans l’air », ajoute-t-il. Les autorités ont ordonné la fermeture des bureaux et établissements scolaires à Bandar-e Abbas, ville d’environ 650 000 habitants, alors que la fumée continue de se propager dans l’air. Le ministère de la santé a, lui, appelé les habitants à rester chez eux « jusqu’à nouvel ordre ». Un appel aux dons de sang a été lancé.
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