Durant les trois décennies qui nous séparent des enquêtes judiciaires réalisées au début des années 1990 en Italie à l’égard de personnalités du monde politique et économique, dont l’on se souvient sous le nom d’opération « Mains propres », l’antagonisme entre magistrature et classe politique n’a jamais cessé. Il s’est même aggravé. Réduire les projets de réforme soutenus, à l’époque, par Silvio Berlusconi à la neutralisation des magistrats dans ses affaires personnelles serait une erreur de lecture. En projetant de mettre un terme à l’illégitime emprise des soi-disant « juges rouges » sur la vie politique italienne, il visait un profond bouleversement de l’organisation institutionnelle, afin de confier à l’exécutif les moyens de reprendre un contrôle effectif sur l’ordre judiciaire.
Aujourd’hui, l’accusation de politisation de la magistrature a pris une nouvelle ampleur. La présidente du conseil, Giorgia Meloni, reproche à la magistrature de jouer un rôle d’opposition politique à son gouvernement. Malgré des tentatives récurrentes dans les dernières décennies, le système judiciaire italien n’a connu que des ajustements législatifs, les réformes constitutionnelles ayant toutes échoué, à l’exception de la loi constitutionnelle n° 2 du 23 novembre 1999, qui a inscrit dans la Constitution le principe du procès équitable. Giorgia Meloni présente sa réforme comme celle qui va enfin inscrire dans la Constitution la séparation des carrières entre les juges du siège et les magistrats du parquet.
Certains pénalistes soutiennent ce projet, qui mettrait le système judiciaire en conformité avec la règle de la procédure accusatoire. Dès lors, le parquet deviendrait une véritable partie au procès, ce qui interdirait qu’il appartienne au même corps que les juges du siège. Néanmoins, de nombreux constitutionnalistes s’élèvent contre cette réforme, dont la finalité véritable serait d’altérer en profondeur l’équilibre des pouvoirs établi par la Constitution de 1948.
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