Issu des élections législatives remportées par le Parti social-démocrate (LSDP), le 27 octobre, le nouveau gouvernement lituanien devrait entrer en fonction en décembre. Mais déjà, la future coalition, qui sera dirigée par le vice-président des sociaux-démocrates, Gintautas Paluckas, suscite l’indignation, dans l’Etat balte et à l’étranger. En cause : l’alliance du LSPD avec le parti Nemuno Ausra (L’aube du fleuve Niémen), une formation populiste dont le chef de file, Remigijus Zemaitaitis, est accusé d’antisémitisme.
Pendant la campagne électorale, la présidente sociale-démocrate, Vilija Blinkeviciute, s’était engagée à ne pas coopérer avec ce parti au discours antisystème, créé en novembre 2023. Lundi 11 novembre, pourtant, M. Paluckas a signé un accord de coalition avec l’Union des démocrates pour la Lituanie (centre gauche) et Nemuno Ausra, après que les négociations avec l’Union lituanienne agraire et des verts (centre droit) ont échoué.
Âgé de 42 ans, Remigijus Zemaitaitis, ancien député du parti Liberté et justice (libéral conservateur), est actuellement jugé par un tribunal de Vilnius pour antisémitisme. Dans un message posté sur son compte Facebook, en mai 2023, il disait comprendre « la colère [et] la haine contre les Juifs et leur nation » au regard de la politique menée par Israël. Un mois plus tard, il affirmait – sans aucune preuve – que le massacre commis par les nazis en 1944, dans le village lituanien de Pirciupiai, était en fait l’œuvre des « juifs lituaniens et des Russes ».
« Une erreur », juge le président
Exclu de son parti, il a démissionné du Parlement pour éviter une procédure de destitution, qui l’aurait rendu inéligible. En avril 2024, la cour suprême du pays a jugé que M. Zemaitaitis avait bien « rompu son serment d’office et violé grossièrement la constitution ». Ce qui ne l’a pas empêché de se présenter à l’élection présidentielle, un mois plus tard, et de remporter 9,28 % des voix au premier tour. Aux législatives, il a obtenu 15 % des voix.
Si M. Zemaitaitis ne devrait pas obtenir de portefeuille ministériel, la participation de son parti au prochain gouvernement provoque de nombreuses réactions. En Lituanie, le président Gitanas Nauseda (indépendant) y voit « une erreur ». Il a déjà fait savoir qu’il s’opposerait à la nomination de ministres appartenant à Nemuno Ausra, mais qu’il pourrait envisager au gouvernement des « technocrates » présentés par le parti.
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