C’est un sujet qui est sur toutes les lèvres dans les lycées professionnels. Taliann (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leurs noms) parle « tous les soirs » avec « ses potes » du paiement en retard des nouvelles allocations de stage pour les élèves des lycées professionnels. « Ça fait des mois qu’on attend, mais personne n’a rien eu », maugrée le jeune homme, en terminale maintenance industrielle à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Annoncées en mai 2023 par le président de la République, Emmanuel Macron, ces gratifications doivent rémunérer pour la première fois les stages de plus de 620 000 élèves de CAP et de baccalauréats professionnels entre 50 et 100 euros par semaine.
Taliann, qui a fini en décembre 2023 ses huit semaines de « périodes de formation en milieu professionnel », telles qu’elles sont officiellement désignées, attend ainsi 800 euros depuis le mois de janvier, date à laquelle étaient promis les premiers versements. « Les autorités nous ont dit de ne pas nous inquiéter, mais on n’a rien vu venir au 15 janvier, ni au 15 février, ni au 15 avril, c’est lamentable pour les élèves », fustige Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO, premier syndicat dans les lycées professionnels.
Un « problème technique » a en effet généré plusieurs mois de retard sur toute la France, indique le ministère de l’éducation nationale, qui a prévu quelque 400 millions d’euros annuels au budget 2024 pour ces gratifications. La Rue de Grenelle assure toutefois que les paiements sont désormais « débloqués » et qu’environ « 200 000 » versements ont été effectués au 26 avril – un même élève peut en avoir plusieurs en attente, les périodes de stage n’étant pas programmées d’un bloc dans l’année. Le ministère table sur un rythme de « 100 000 paiements par semaine », ajoute-t-on.
« Ces délais sont difficiles à entendre »
Dans les lycées professionnels, où la majorité des élèves n’ont encore rien touché, l’impatience monte. Certains, comme à Toul, en Meurthe-et-Moselle, ont même organisé des grèves pour protester. Le sujet anime également de nombreuses vidéos TikTok que se partagent les adolescents, à tel point que, devant le lycée Jules-Michelet, où est scolarisé Taliann, des collégiens de l’établissement d’en face sont eux aussi au fait de la problématique.
Ce sont les réseaux sociaux qui ont appris à Saliou que certains élèves « dans d’autres bahuts d’autres régions » avaient perçu leur gratification. Mais cet élève en première commerce vente attend toujours de voir apparaître sur son compte en banque les 300 euros de sa première période de stage terminée en février. Lui qui n’a souvent « pas la foi de se lever le matin » s’était « motivé à respecter les horaires » et à venir « tous les jours », car les jours d’absence sont décomptés de l’allocation. L’adolescent, qui doit retourner en entreprise au mois de mai, ne masque pas son incompréhension : « On n’avait rien demandé, nous. On nous annonce qu’on va être payés et après… Rien. En plus on ne nous explique pas pourquoi, et on ne nous donne pas de date. »
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