Offrez-vous une pause dans le rythme effréné de vos journées et soufflez un instant en contemplant sereinement les rendez-vous de la Lune et des planètes dans les ciels crépusculaires. Vous n’avez besoin d’aucun instrument optique, d’aucun support numérique, juste de votre curiosité et d’un bout de ciel dégagé, ce qui est souvent délicat à trouver au printemps, mais cela rend les éclaircies encore plus délicieuses.
Vénus et Jupiter, les planètes les plus éclatantes de notre ciel, brillent actuellement à l’aube pour la première et en soirée pour la seconde ; Saturne est visible non loin de Vénus, mais son éclat est bien plus modeste. Vénus est vraiment superbe au-dessus de l’horizon est une heure avant le lever du Soleil et Jupiter égaie l’horizon ouest-nord-ouest une heure après le coucher du Soleil, vous devez donc vous assurer que ces azimuts sont visibles depuis votre site d’observation, que ce soit en ville, en pleine nature ou dans un territoire entaillé de profondes vallées.
Du 22 au 24 mai, un croissant lunaire de plus en plus mince cheminera de Saturne à Vénus (voir le schéma plus bas) et, quelques jours plus tard, après la Nouvelle Lune, l’arc de Séléné luira magnifiquement au-dessus de Jupiter dans le ciel crépusculaire. Comme sur l’image qui ouvre ce billet, vous verrez sans peine la portion nocturne du globe lunaire qui est éclairée indirectement par l’éclat solaire reflété par la Terre, les observateurs appellent cela la lumière cendrée ; lorsque le croissant lunaire est trop épais sa luminosité nous éblouit et nous cache l’effet de la lumière cendrée. Outre leur beauté toujours changeante au fil des mois, ces rapprochements célestes apparents nous donnent l’occasion d’écouter les voix et les murmures du monde et, au printemps, de profiter des merveilleuses senteurs herbacées et florales qui envahissent les franges de la nuit.
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Chaque mois, je vous propose de découvrir mes images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.
Phases de la Lune en mai
La Lune est au premier quartier le 4 dans le Cancer, pleine le 12 dans la Balance, au dernier quartier le 20 dans le Verseau et nouvelle le 27 dans le Taureau.
Quelques rendez-vous à admirer dans le ciel de mai
Le jeudi 22 et le vendredi 23 mai à l’aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, le croissant lunaire rend visite à Saturne au-dessus de l’horizon est-sud-est. Cette planète s’est écartée de Vénus, qui attend la Lune un peu plus à l’est, mais son éclat est encore très proche de l’horizon au début de l’aube. Si vous possédez une lunette ou un télescope, vous pouvez tenter d’observer Saturne, mais la turbulence est toujours forte aussi bas dans le ciel et l’image de la planète aux anneaux risque de bouillonner comme l’air au-dessus d’une route surchauffée par le Soleil en été.
Le vendredi 23 et le samedi 24 mai à l’aube, une heure avant le lever du Soleil, Vénus accueille le croissant lunaire. L’éclat vénusien est visible à moins de dix degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est, vous devez donc choisir un site offrant une vue correctement dégagée dans cet azimut. Comme Mercure, Vénus est une planète qui orbite plus près du Soleil que la Terre et son écart apparent avec l’astre du jour culmine lors de ses élongations maximales. Son orbite étant plus grande que celle de la première planète, ses élongations peuvent atteindre une plus grande valeur, mais elles culminent à moins de quarante-huit degrés. Vénus se situe actuellement à quarante-cinq degrés à l’ouest du Soleil et elle sera en élongation maximale le 1er juin à près de quarante-six degrés. Avec un tel écart apparent, on pourrait penser que Vénus brille très haut dans le ciel de l’aube, mais ce serait oublier que sa trajectoire apparente est actuellement couchée sur l’horizon aux latitudes européennes, ce qui maintient l’éclat intense de cette planète à faible hauteur malgré son élongation importante.
Le printemps est bien installé et, dès le coucher du Soleil, les oiseaux et les grenouilles s’en donnent à cœur joie si vous vous éloignez de l’environnement urbain trop bruyant et que vous vous installez près d’une mare ou d’un ruisseau. L’observation du ciel devient alors un spectacle complet, les sons et les odeurs d’herbe, de fleurs et d’humus qui envahissent l’espace amplifiant la beauté visuelle de la scène crépusculaire. Le mercredi 28 mai, une heure après le coucher du Soleil, vous avez une bonne occasion de saluer Jupiter avant son départ vers les abords éblouissants du Soleil. Le jeune croissant lunaire a gagné en épaisseur depuis la veille et il brille sans faiblir moins de six degrés au-dessus de cette planète. L’éclat jovien est alors à quatre degrés de hauteur au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest, soit un peu moins que la hauteur de votre pouce bras tendu. Il va progressivement se fondre dans les lueurs crépusculaires au début du mois de juin et nous le retrouverons à l’aube dans le courant du mois de juillet.
Le ciel en mai
La Vierge et le Bouvier s’installent au méridien à la fin du crépuscule en mai, deux heures plus tard au début du mois qu’à la fin. Arcturus et Spica, les étoiles principales de ces deux constellations sont faciles à trouver en prolongeant la courbe tracée par le manche de la Casserole ou le timon du Chariot, selon l’astérisme que l’on choisit pour nommer la figure dessinée par les sept étoiles les plus brillantes de la Grande Ourse. Le grand losange de l’astérisme du Diamant domine le sud de la voûte céleste en début de nuit. Il enclot la Chevelure de Bérénice et une large portion de la Vierge. Cette zone semble bien vide dans les ciels urbains car les étoiles qu’elle contient sont assez peu brillantes, mais, sous un ciel noir, les étoiles de la Chevelure de Bérénice sont bien visibles à l’œil nu et, dans une lunette ou un télescope, cette région céleste grouille de vie. Celle-ci se manifeste sous la forme de très nombreuses petites taches cotonneuses rondes, elliptiques ou aplaties qui sont autant de galaxies lointaines contenant chacune des dizaines de milliards de soleils. Les dernières étoiles du ciel d’hiver, celle du Petit Chien, des Gémeaux ou du Cocher, se couchent tôt à l’ouest, mais, de l’autre côté de l’écran nocturne, le ciel d’été s’impose déjà avec l’éclat rougeoyant d’Antarès au sud-est et le trio Altaïr de l’Aigle, Véga de la Lyre et Deneb du Cygne qui se répartit de l’est au nord-est. À la fin des nuits sans Lune, l’arche de la Voie lactée est superbe dans les sites protégés des lumières artificielles comme les Réserves internationales de ciel étoilé.
Carte du ciel visible en mai 2025 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Arcturus sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Arcturus sera plus éloignée de l’horizon sud. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel.
Cette carte montre le ciel visible en mai 2025 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
La 31e édition de mon Guide du Ciel annuel sera disponible fin mai et vous pouvez d’ores et déjà la réserver dans votre librairie habituelle.
Si vous habitez en Occitanie, je vous invite à regarder en avant-première le 8 mai à 22 h 50 m sur France 3, puis en replay sur France.tv avant une diffusion nationale dont la date reste à définir, le film documentaire « Veilleurs de nuit » réalisé par Alexandre Chaćon, qui raconte comment le parc national des Cévennes a obtenu le label « Réserve internationale de ciel étoilé » en appliquant une politique de sobriété énergétique sur un territoire de plus de 3 000 km2 pour faire vivre les étoiles, l’obscurité, sauvegarder la biodiversité et préserver les rythmes biologiques de ses habitants. J’ai eu le plaisir de participer au tournage de ce film et de fournir quelques images du magnifique ciel des Cévennes.
