Le premier ministre mongol a été emporté par les soupçons de corruption le visant. Luvsannamsrain Oyun-Erdene a démissionné, mardi 3 juin, après avoir perdu un vote de confiance au Parlement national. Il n’a obtenu le soutien que de 44 députés, tandis que 38 ont voté contre lui. Il lui fallait une majorité de 64 voix pour l’emporter – le Parlement mongol compte 126 membres.
Le vote à bulletin secret se tenait après plusieurs jours de manifestations dans la capitale, Oulan-Bator, à la suite d’allégations de corruption contre le dirigeant, au pouvoir depuis janvier 2021.
« Ce fut un honneur de servir mon pays et mon peuple dans des périodes difficiles, [avec] notamment des pandémies, des guerres et des droits de douane », a déclaré M. Oyun-Erdene après l’annonce du résultat du vote.
La Mongolie, vaste pays de 3,4 millions d’habitants enclavé entre la Chine et la Russie, dispose de ressources naturelles abondantes mais est confrontée depuis des décennies à une corruption endémique qui gangrène ses institutions. Une partie de la population estime que les richesses issues de l’exploitation minière, notamment du charbon, sont accaparées par une élite politique et économique restreinte.
Ces tensions ont ressurgi le mois dernier après des révélations sur les dépenses exubérantes du fils du premier ministre. Dans une déclaration à l’Agence France-Presse, le bureau de M. Oyun-Erdene avait affirmé qu’il niait « avec véhémence » les allégations d’irrégularités, les qualifiant de « diffamation ».
Grande incertitude politique
Sous le mandat de M. Oyun-Erdene, la Mongolie a dégringolé dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Ces soupçons de corruption font plus largement écho aux inquiétudes de la jeunesse quant à leurs perspectives économiques et à la hausse du coût de la vie.
La veille du vote de confiance, des centaines de jeunes manifestants se sont réunis sur le parvis du Parlement en brandissant des pancartes clamant « Il est facile de démissionner ».
La démission de M. Oyun-Erdene plonge la Mongolie dans une grande incertitude. Le pays est dirigé depuis le scrutin de l’an dernier par un gouvernement de coalition à trois partis, mis en place après que le Parti du peuple mongol (PPM) de Luvsannamsrain Oyun-Erdene a perdu une part importante de sa majorité.
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Mais le mois dernier, le PPM a exclu de la coalition la deuxième force politique, le Parti démocrate (PD), après que certains de ses jeunes députés ont soutenu les appels à la démission du premier ministre. Ce revirement avait accentué des divisions politiques déjà profondes.
M. Oyun-Erdene, 44 ans, restera premier ministre intérimaire jusqu’à ce que son successeur soit nommé dans les trente jours, selon un communiqué du Parlement.