La coalition gouvernementale en Norvège a implosé, jeudi 30 janvier, avec le départ du Parti du centre, opposé à des directives européennes sur l’énergie que ses partenaires travaillistes veulent faire appliquer dans le pays. A un peu plus de sept mois des élections législatives, les travaillistes du premier ministre, Jonas Gahr Store, continueront de gouverner seuls, le système norvégien ne permettant pas de dissoudre le Parlement pour convoquer des élections anticipées.
Mais ce départ rend le gouvernement de centre gauche encore plus minoritaire au Parlement. Prônant un « contrôle national accru » face à un marché européen de l’électricité « dysfonctionnel », le Parti du centre, petite formation eurosceptique axée sur la défense des intérêts ruraux, rejette l’application de trois directives du quatrième paquet énergie européen. « Nous ne devons pas donner plus de pouvoir au système de l’UE », a affirmé jeudi lors d’une conférence de presse le chef du parti, Trygve Slagsvold Vedum, qui va ainsi céder son poste de ministre des finances.
La Norvège n’est pas membre de l’Union européenne (UE) mais a accès à son marché intérieur grâce à son appartenance à l’Espace économique européen (EEE). A ce titre, elle est tenue d’appliquer de nombreux textes européens. « J’aurais préféré une autre issue », a réagi M. Store, en commentant le départ de ses alliés. Le Parti travailliste argue que les directives concernées sont positives pour les entreprises norvégiennes et n’ont pas d’incidence sur les prix de l’électricité ni n’entraînent de transfert de souveraineté.
Les législatives de septembre en ligne de mire
M. Store fait valoir que leur application permettrait de ménager les relations avec Bruxelles, à l’heure où une guerre commerciale pourrait opposer les Etats-Unis à l’Union européenne (UE). La Norvège, qui exporte près de 70 % de ses biens vers l’UE, redoute que ses entreprises soient pénalisées par l’éventuelle mise en place de droits de douane européens.
Faisant partie du paquet « Energie propre pour tous les Européens », les trois directives portent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique en général et celle, plus spécifique, sur les bâtiments. M. Store a précisé qu’il n’était « pas d’actualité » de transposer les cinq autres directives et règlements contenus dans le paquet, jugés plus problématiques.
Les bonds, parfois éphémères, des prix de l’électricité cet hiver et l’hiver dernier ont relancé en Norvège le débat sur l’opportunité des interconnexions entre le réseau électrique national et celui d’autres pays européens. Selon des commentateurs, le Parti du centre, à la peine dans les sondages, a fait de ces trois directives un casus belli pour se renforcer avant les prochaines élections législatives, prévues le 8 septembre. D’après eux, M. Store, en affichant sa fermeté, a quant à lui vu une occasion d’étouffer la contestation au sein de son propre parti, lui aussi malmené dans les enquêtes d’opinion.