A l’entrée de la zone industrielle de Ducos, à Nouméa, seule une petite croix plantée dans un talus signale le lieu du drame. Il y a tout juste un an, au troisième jour de violences liées à la mobilisation contre la réforme du corps électoral, deux jeunes Kanak y perdaient la vie, tués par un civil armé. Chrétien Neregote avait 36 ans, sa cousine Stéphanie Nasaie Doouka, dite « Nana », 17 ans. L’adolescente est la seule mineure et la seule femme parmi les 14 victimes des cinq mois d’émeutes dénombrées par les autorités.
Pourtant, en ce jour de commémoration, ils sont à peine une vingtaine à avoir fait le déplacement pour déposer quelques fleurs au pied du modeste mémorial. Hormis la famille proche et une petite délégation indépendantiste, personne pour s’émouvoir de la mort d’une adolescente. « On a encore la gorge nouée par ce qui s’est passé. On ne pensait pas qu’on tuerait nos enfants comme des bêtes sauvages », s’insurge Jacky Hnaja, l’un des grands-pères de Nasaie.
Les circonstances de la mort de la jeune fille sont en effet accablantes. Il est 14 h 15, ce mercredi 15 mai 2024, lorsque Nasaie traverse la route pour rejoindre son oncle Chrétien Neregote qui se trouve à bord d’un 4 × 4, arrêté au milieu de la chaussée. Deux jours après le soulèvement qui a dégénéré en émeute, plusieurs entreprises ont déjà brûlé dans le quartier de Ducos, des barrages sont érigés par des militants indépendantistes, d’autres par des riverains désireux de protéger leurs biens.
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