Sur la plage de sable noir qui borde la tribu de Nakety, le bruit de la mine, de l’autre côté de la baie, perce à nouveau derrière celui des vagues. Pour la première fois depuis mars 2024, le 12 septembre, un bateau a été autorisé à charger le précieux minerai de nickel. Cette réouverture de l’accès à la mine fait suite à dix-sept mois de blocage. A l’origine, le conflit est né d’une revendication sur les retombées économiques jugées inégales. Se sont ajoutés ensuite le combat indépendantiste contre le dégel du corps électoral, qui a conduit aux violences de 2024, et aujourd’hui l’opposition d’une partie du camp indépendantiste à l’accord de Bougival signé en juillet mais contesté depuis par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).
En Nouvelle-Calédonie, activité minière et politique sont étroitement liées et peut-être encore plus sur cette partie de la côte est. L’ancien instituteur Eloi Machoro, devenu une icône pour toute la jeunesse indépendantiste, tué par les forces de l’ordre en 1985, est né ici. Il avait porté, outre le combat pour l’indépendance, celui du contrôle de l’outil minier, condition sine qua non d’une souveraineté économiquement viable.
Depuis la réouverture, quelques jeunes du collectif à l’origine de la fermeture du site sont toujours présents au « QG » qui en barrait l’accès. Cuisine, coin salon, table de réunion, case traditionnelle et potager témoignent de la durée hors norme de la mobilisation. Giovanni, Junior et Gabriel (ils refusent de donner leur nom) ont à peine 30 ans, mais leurs visages tatoués disent leurs parcours chaotiques. « On espère que maintenant tout va changer, et que la mine va profiter à tous, pas seulement à quelques-uns », explique Giovanni, des rêves plein la tête : le jeune homme se voit déjà coordonner une équipe et lancer des projets de développement « pour sortir du nickel et donner du travail à tout le monde, au-delà même de Canala ».
Il vous reste 74.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
