« Vos paroles sont les brins avec lesquels il nous faudra tisser la nouvelle natte du pays. » A travers cette image, le Collectif Pays pour le dialogue (CPPLD) résume l’ambition de son travail de terrain : plus de 1 000 témoignages recueillis depuis l’insurrection du 13 mai 2024, analysés à partir d’un corpus de 73 600 mots. De cette masse de témoignages, qui sont autant de questionnements, ressort le visage d’un pays « traversé par la défiance », marqué par un « traumatisme collectif, [et le] sentiment de ne pas être écouté ».
Mais, au-delà du malaise, une ligne de force s’impose. « Malgré tout, il y a une volonté de vivre ensemble. Ça, c’est une certitude, insiste Patrice Godin, anthropologue et membre du CPPLD. Il faut qu’on trouve les moyens de vivre ensemble. De toute façon, on n’a pas le choix. » L’analyse de cette démarche transpartisane fait émerger deux fractures : l’une, générationnelle, qui associe « la jeunesse à la violence », mais qui souligne aussi que « la reconstruction passera par l’inclusion de la jeunesse et une réflexion sur l’identité kanak » ; l’autre, sociale, marquée par « la précarité alimentaire et la santé ». Le mal-être exprimé « réduit la possibilité de se projeter vers un avenir désirable » et nourrit une « frustration face au manque de reconnaissance », relève le collectif.
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