Les voisins de la France dans le Pacifique avaient souhaité venir au chevet de la Nouvelle-Calédonie plongée dans la crise. Ils l’ont fait du dimanche 27 au mardi 29 octobre au cours d’une mission d’observation des Etats océaniens du Forum des îles du Pacifique (FIP), une organisation politique de coopération régionale. Une visite à Nouméa qui a été cornaquée de bout en bout par les autorités françaises. Celles-ci ont assisté à tous les échanges, suivant un programme qui a fait l’objet d’âpres négociations entre le gouvernement autonome de la Nouvelle-Calédonie et Paris.
Dimanche 27 octobre, un groupe de quatre responsables éminents du FIP a ainsi quitté Apia, la capitale des Samoa, pour Nouméa. A bord de l’avion spécialement affrété, faute de ligne directe entre les deux pays, cette délégation – nommée « Troïka + » – comprenait trois premiers ministres, Siaosi Sovaleni (Tonga), qui assure actuellement la présidence du FIP, Sitiveni Rabuka (Fidji), Mark Brown (îles Cook) et un ministre des affaires étrangères, le Salomonais Peter Shanel Agovaka.
Une visite « de très haut niveau, du jamais vu en Nouvelle-Calédonie », s’est réjoui le chef du gouvernement calédonien, l’indépendantiste Louis Mapou, qui y voit le signe de la préoccupation suscitée dans la région par le cataclysme politique, économique et social que traverse l’archipel depuis plus de cinq mois.
« Nous sommes ici en famille, pour discuter des problèmes comme une famille le ferait », a lancé, à son arrivée à Nouméa, Siaosi Sovaleni. Dans le respect de la tradition du « bonjour » aux sénateurs coutumiers, passage incontournable pour toute autorité qui fait étape dans l’archipel, une natte tressée a été posée, symbole dans tout le Pacifique de la parole qui circule. Aux côtés des chefs de gouvernement étrangers, se sont tenus le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, et l’ambassadrice de France pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan, avec un objectif : préserver l’image de la France dans sa gestion du dossier calédonien.
Si Paris a accepté l’organisation de la visite, c’est à condition que celle-ci soit « strictement destinée à l’information » des Etats membres du forum. Pas question pour la France, qui considère le sujet calédonien comme une affaire interne, de sortir de ce cadre. Notamment pour aller sur un quelconque terrain politique en abordant le futur statut du territoire, inscrit sur la liste des pays à décoloniser de l’ONU.
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