L’opposant ougandais Kizza Besigye, qui a commencé une grève de la faim, lundi 10 février, après des mois de détention dans son pays consécutifs à son enlèvement au Kenya, est dans un état de santé « critique », a déclaré jeudi l’un de ses avocats. Jadis médecin personnel du président, Yoweri Museveni, Kizza Besigye, 68 ans, est dans le collimateur du gouvernement depuis son ralliement à l’opposition, il y a vingt-cinq ans. Il s’est présenté quatre fois à la présidentielle en Ouganda, sans succès.
Enlevé en novembre 2024 lors d’un déplacement au Kenya, il est actuellement jugé devant une cour martiale, une procédure qualifiée de « simulacre » par son épouse, Winnie Byanyima, directrice de l’Onusida, le programme des Nations unies de lutte contre le VIH. Accusé notamment de trahison, il encourt la peine capitale. Lors de la reprise du procès, au début de janvier, l’un de ses avocats a été condamné à neuf mois de prison.
« Nous lui avons rendu visite hier en prison, mais son état de santé est préoccupant. Il est dans un état de santé critique et a besoin de soins médicaux urgents », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat Erias Lukwago, appelant à ce que son client soit soigné en dehors de la prison. Le porte-parole des prisons ougandaises, Frank Baine, a refusé de commenter l’état de santé de l’opposant, tout en jugeant « alarmistes » les propos de la défense à ce sujet.
Mercredi, Erias Lukwago avait déclaré que son client avait cessé de s’alimenter parce qu’il estimait « n’avoir plus d’autre option qu’une grève de la faim » pour dénoncer sa « détention illégale ». Selon l’avocat, l’état de l’opposant, qui était déjà, plus tôt cette semaine, incapable de participer à certaines audiences, s’est dégradé. « Il est incapable de sortir de sa cellule. Sa tension artérielle a augmenté et il n’a pas été autorisé à consulter son médecin personnel, a-t-il ajouté jeudi. Les médecins de la prison n’ont pas l’équipement médical nécessaire. Nous demandons qu’il soit soigné à l’extérieur de la prison s’il veut survivre. »
A la fin de janvier, la Cour suprême du pays avait jugé inconstitutionnel le jugement de civils par des tribunaux militaires, mais le président Museveni avait contesté cette décision, évoquant un « instrument utile pour la stabilité ». L’armée avait, de son côté, annoncé qu’elle continuerait le procès de Kizza Besigye. L’Organisation des Nations unies et plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leurs inquiétudes concernant la répression de l’opposition en Ouganda à l’approche de l’élection présidentielle, prévue en janvier 2026.