NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE
La France n’a peut-être pas encore de premier ministre, mais, sur Netflix, la République a un nouveau président. « Un homme droit, intègre, plein de vitalité (…), qui saura amener jusqu’au sommet de l’Etat toute sa bonhomie tropicale », comme le présente le président de la République sortant, incarné dans la série par Alain Chabat. Il le sait : les choses ne vont pas être faciles pour son successeur, Stéphane Blé (Jean-Pascal Zadi), éducateur de banlieue propulsé à l’Elysée dans la première saison d’En place par la magie d’une vidéo virale et d’un programme simple et basique : « Mangez bien, payez rien ».
Plus à l’aise avec le freestyle qu’avec les ors de la République (sauf avec ceux de sa Légion d’honneur, qu’il porte autour du cou), c’est effectivement un président légèrement dépassé qui s’installe au palais. Stéphane a beau promettre à sa femme, échaudée par la tournure des événements, que « ce sera détente », l’état de grâce ne dure pas longtemps.
En plus des bananes piégées envoyées par la poste, qui mettent sur les dents la nouvelle responsable de la sécurité (Vimala Pons, excellent ajout à cette saison 2), l’ex-rappeur amateur doit composer avec les coups fourrés de ses adversaires politiques − d’extrême droite, mais pas que, qui voient dans ce grand Noir naïf et gaffeur une cible facile. Il doit aussi se heurter à la calamité de tous les présidents : l’impopularité, y compris auprès des électeurs qui l’ont porté au pouvoir.
Sympathique et sincère
Coincée entre la prise de pouvoir et la véritable mise en route du travail parlementaire, cette deuxième saison ne traite pas tout à fait le sujet de l’exercice du pouvoir, qui promettait pourtant des développements intéressants. Le nouveau président a tout juste le temps de prendre quelques mesures symboliques avant que d’autres menaces aussi farfelues que désopilantes ne viennent, un peu comme dans la première saison, largement alléger la charge satirique de la série, qui continue de flirter gentiment avec les limites, sans jamais les dépasser : une brouille diplomatique avec la Norvège, une révolte des békés antillais (prétexte à une savoureuse apparition de Raphaël Quenard).
Cela n’empêche pas En place de se révéler assez fine dans sa façon de brosser une politique-fiction pas si éloignée que ça de la réalité, d’épingler l’hypocrisie de la classe politique et de souligner la médiocrité du débat public. Sauf qu’ici le politicien-bouffon est éminemment sympathique et sincère. Stéphane a beau faire rire par sa décontraction, il croit fermement en ce qui l’a porté au pouvoir, cette idée d’une France unie, solidaire, « tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais ».
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