Le gouvernement proeuropéen en Pologne a remporté, mercredi 11 juin, un vote de confiance au Parlement, après avoir subi un revers majeur lors de la présidentielle au début du mois. Le gouvernement a obtenu 243 voix face à 210 députés qui ont refusé la confiance.
Le vote avait été convoqué par le premier ministre, Donald Tusk, après que l’historien nationaliste Karol Nawrocki eut remporté l’élection présidentielle du 1er juin, des analystes qualifiant ce vote d’un affaiblissement important pour la coalition au pouvoir.
« Je demande un vote de confiance parce que j’ai la conviction, la foi et la confiance que nous avons un mandat pour gouverner », avait déclaré M. Tusk au début de la session parlementaire de mercredi. Il a affirmé que le gouvernement devait fournir « un travail très dur et sérieux, dans des conditions qui ne s’amélioreront pas ».
M. Nawrocki a remporté l’élection avec 51 % des voix contre le maire de Varsovie, le proeuropéen Rafal Trzaskowski (49 %). Ce dernier était soutenu par M. Tusk, ancien président du Conseil européen, arrivé au pouvoir en 2023 en tant que chef d’une coalition entre sa formation centriste, la Plateforme civique (KO), Pologne 2050 (centre), le Parti paysan polonais (PSL, conservateur) et la Nouvelle Gauche.
« Nouveau départ »
Les prochaines élections législatives en Pologne doivent se tenir en 2027, mais certains analystes estiment qu’avec le président Nawrocki, le gouvernement pourrait ne pas tenir jusqu’à cette date.
A l’approche du scrutin, M. Tusk avait qualifié ce vote de confiance de « nouveau départ » pour le gouvernement, qu’il a promis de rendre « meilleur, plus rapide ». Si la coalition semble stable, des tensions existent en son sein, notamment avec le PSL, qui défend des valeurs conservatrices et souhaite davantage de restrictions sur l’immigration.
La Pologne, membre de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) comptant 38 millions d’habitants, est une économie en pleine croissance et est devenue un acteur régional de plus en plus important depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022. Cela risque probablement de freiner les réformes du gouvernement Tusk, tels que l’introduction prévue des partenariats de même sexe ou l’assouplissement d’une interdiction quasi totale de l’avortement.
Prise de fonction le 6 août
Sur le plan international, la difficile cohabitation au sommet de l’Etat pourrait compliquer les relations avec Bruxelles, notamment sur les questions d’Etat de droit, car M. Nawrocki soutiendra les réformes judiciaires controversées mises en place par le précédent gouvernement conservateur du parti Droit et justice (PiS).
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Les liens avec Kiev pourraient devenir également plus complexes, car le président élu s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et a critiqué les bénéfices dont les réfugiés ukrainiens jouissent en Pologne. M. Nawrocki devrait officiellement prendre ses fonctions le 6 août, une fois que la Cour Suprême aura validé le résultat de l’élection.
Bien que la commission électorale ait trouvé des preuves d’erreurs dans le décompte des voix dans certaines commissions électorales, le président du Parlement, Szymon Holownia, a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce que celles-ci modifient le résultat final du vote.
Le président sortant, Andrzej Duda, également un allié du PiS, a mis en garde, lundi, contre toute tentative de renverser le résultat de l’élection et de « nous retirer notre liberté de choix ». Il a déclaré sur X que le vote était « déjà décidé ».