Goma, principale ville de l’est de la République du Congo, s’est réveillée lundi 27 janvier en plein chaos et secouée par des tirs d’artillerie lourde après l’arrivée la veille au soir de combattants du groupe armé antigouvernemental M23 et de soldats rwandais.
« Goma s’apprête à tomber », a prévenu dans la matinée le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en condamnant fermement cette offensive militaire. L’entrée dans la capitale de la province du Nord-Kivu, située à la frontière rwandaise et qui compte un million d’habitants et autant de déplacés, ponctue plusieurs semaines d’avancée des soldats rwandais et des combattants du M23 face à une armée congolaise qui semblait débordée.
« La France exprime sa solidarité à l’égard de la République démocratique du Congo, de son intégrité territoriale. (…) Les combats doivent cesser et le dialogue doit reprendre », a exhorté M. Barrot à Bruxelles, avant un conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne.
Plusieurs lourdes détonations ont été entendues, lundi matin, par des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place, alors que le chaos s’étend dans la ville assiégée depuis plusieurs jours. Signe du chaos régnant dans la ville, la prison, qui comptait environ 3 000 détenus, a été « totalement incendiée » à la suite d’une « évasion massive » qui a causé des « morts », a précisé à l’AFP une source sécuritaire, sans donner de bilan à ce stade. Des prisonniers en fuite ont été aperçus par l’AFP dans les rues alentours. Selon une source consulaire et des témoins, la frontière avec le Rwanda a été fermée.
Un sommet extraordinaire « dans les prochaines 48 heures »
Le groupe armé antigouvernemental et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU, combattent l’armée congolaise dans la région depuis plus de trois ans. Le président kényan, William Ruto, a annoncé, dimanche soir, dans un communiqué, réunir « dans les prochaines 48 heures » un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Une médiation République démocratique du Congo (RDC) – Rwanda sous l’égide de l’Angola a échoué en décembre faute d’entente sur les conditions d’un accord. Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir « déclaré la guerre » en envoyant de nouvelles troupes alors que l’ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région. Entre 500 et 1 000 hommes, selon des sources onusiennes à l’AFP.
Kigali a répliqué dans la soirée conserver une « posture défensive durable » au vu des combats représentant « une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda », selon son ministère des affaires étrangères.