La mobilisation populaire pour protester contre la corruption au sein du système judiciaire roumain semble prendre de l’ampleur. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, vendredi 12 décembre à Bucarest, dans la continuité d’un mouvement lancé mercredi après la publication d’une enquête du média d’investigation Recorder, révélant les témoignages de juges et de procureurs concernant des pressions de leur hiérarchie.
Dans la capitale roumaine, les manifestants ont défilé vendredi pour exiger la démission de Radu Marinescu, ministre de la justice, de Lia Savonea, présidente de la Cour suprême, et de plusieurs autres hauts responsables.
« La société civile n’accepte pas un système intrinsèquement corrompu et conçu pour être manipulé de l’intérieur », a témoigné à l’Agence France-Presse (AFP) Vlad Voinea, un informaticien de 40 ans portant sa fille sur le dos, tandis que les manifestants scandaient « Justice et non corruption », « Voleurs » et « On vous voit ! ».
Mihnea Mihai, 31 ans, brandissant une pancarte avec l’inscription « Respect pour les magistrats intègres », a dit être dans la rue « pour soutenir les magistrats qui ont eu le courage de témoigner » et « donner du courage » à d’autres pour qu’ils dénoncent publiquement les problèmes du système judiciaire.
Une enquête visionnée des millions de fois
Des manifestations similaires ont également eu lieu dans d’autres villes du pays. Depuis sa publication, l’enquête, qui dure deux heures, a été visionnée plus de 3,5 millions de fois sur YouTube dans ce pays de 19 millions d’habitants.
Des centaines de juges et de procureurs ont signé une lettre ouverte dénonçant des « dysfonctionnements profonds et systémiques » et exprimant leur solidarité avec les magistrats « qui ont eu le courage de révéler les problèmes et les pressions au sein du système judiciaire ».
Le président roumain, Nicusor Dan, a invité les magistrats à des discussions le 22 décembre, soulignant dans une publication Facebook que lorsque des centaines de magistrats signalent « un problème d’intégrité au sein du système judiciaire, la situation est très grave ».
Selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International, la Roumanie figure parmi les pays les plus corrompus de l’Union européenne.
