La Cour constitutionnelle roumaine a annoncé jeudi 22 mai le rejet du recours déposé par le candidat nationaliste George Simion après sa défaite au second tour de la présidentielle dimanche, remporté par le maire pro-européen de Bucarest. « A l’issue de ses délibérations », la juridiction « a rejeté à l’unanimité la demande d’annulation des élections, la jugeant infondée », selon un communiqué.
« La cour continue son coup d’Etat ! », a aussitôt réagi sur Facebook le candidat malheureux. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous battre ! Je vous invite à vous joindre à moi, aujourd’hui et dans les semaines à venir ! »
Après avoir largement dominé le premier tour le 4 mai, le souverainiste de 38 ans, admirateur de Donald Trump et opposé à l’aide à l’Ukraine, a essuyé un revers dimanche, recueillant 46,4 % des suffrages, contre 53,6 % pour Nicusor Dan, un fervent pro-européen de 55 ans décidé à maintenir l’important soutien militaire à l’Ukraine, voisine de la Roumanie.
Ce scrutin était jugé décisif pour l’avenir de ce pays de 19 millions d’habitants, alors que le président roumain a le pouvoir de nommer des responsables à des postes-clés et de siéger aux sommets de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Après avoir félicité son rival le soir des résultats, M. Simion a fait volte-face mardi et déposé une requête pour demander l’annulation du scrutin au motif de prétendues « ingérences extérieures » de la France et de la Moldavie. S’il avait reconnu que sa demande avait « peu de chances d’aboutir », il a affirmé disposer de « preuves irréfutables (…) d’une tentative orchestrée » visant à influencer le résultat des élections.
Le chef de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), parti nationaliste, a reçu l’appui de Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram, qui a directement accusé le chef des services secrets français de lui avoir demandé de « bannir les voix conservatrices en Roumanie ». Et s’était dit « prêt à venir témoigner » devant la justice roumaine. La France a fermement rejeté ces allégations.
« Il n’y a eu aucun incident »
Le président par intérim de la Roumanie, Ilie Bolojan, a appelé mercredi à « respecter la volonté du peuple » au vu de « l’écart important de voix » entre les deux candidats et du « taux de participation élevé ». « Il n’y a eu aucun incident et aucune plainte d’observateurs internationaux », a-t-il ajouté. La commission électorale a elle aussi réfuté les accusations, « sans fondement », de George Simion, avec « pour seul objectif de saper la confiance des citoyens dans les institutions de l’Etat ».
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Une confiance déjà ébranlée par l’annulation du précédent scrutin du 24 novembre 2024, décision rarissime qui a plongé la Roumanie dans une crise politique sans précédent depuis la chute du communisme, en 1989. Un candidat quasi inconnu, Calin Georgescu, était alors arrivé en tête après une campagne massive sur TikTok entachée de soupçons d’ingérence russe. Il a été exclu de la nouvelle élection présidentielle et inculpé, mais il espérait décrocher le poste de premier ministre si George Simion était élu.