C’est sans doute un tournant depuis l’investiture de Trump saison 2, il y a huit mois. Jimmy Kimmel, l’animateur humoriste d’un talk-show sur ABC, haï par le président américain, vient d’être écarté puis réintégré par sa chaîne en cinq jours. Cet invraisemblable rebondissement vaut boomerang. Donald Trump pensait en finir avec les spectacles télévisuels qui le moquent, avec aussi cette liberté d’expression qu’il ne cesse de relativiser, et c’est tout le contraire qui se passe. Pour une fois, il perd. Pour l’instant.
Donald Trump a quatre figures de la télévision dans le collimateur : Stephen Colbert (CBS), Jimmy Kimmel (ABC), Jimmy Fallon (NBC) et Seth Meyers (NBC). Ils ont pour point commun d’animer des late shows – une institution aux Etats-Unis –, à une heure où, en France, on ferme le poste, autour de 23 h 30. L’émission commence par un monologue de l’animateur, qu’il truffe de blagues corrosives sur l’actualité et la politique, avant de recevoir des célébrités autour d’un événement le plus souvent culturel.
Depuis qu’il a poussé la porte de la Maison Blanche, en 2017, imposant une parole abondante, rustique et autosatisfaite, le président américain est la cible de ces quatre noms – et d’autres. Il est une source d’inspiration pour leurs punchlines, au point que la fin de soirée cathodique est devenue un contre-pouvoir. Lors de son premier mandat, il pestait contre des émissions dont il fut un invité récurrent et admiratif. Depuis sa réélection, il agit, voulant la peau des trublions.
Au cœur de l’été, on a appris que l’émission de Stephen Colbert, le plus virulent des critiques, le plus regardé aussi (2,4 millions de téléspectateurs), s’arrêtera en mai 2026. Mi-septembre, la chaîne ABC a suspendu le « Jimmy Kimmel Live ! », en raison de mots « inappropriés » de l’animateur après l’assassinat de Charlie Kirk. Jimmy Kimmel a dit que le président américain exploitait cette tragédie, ce qui est défendable, et suggéré que l’assassin était lié à la sphère MAGA (Make America Great Again), ce qui l’est moins.
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