Six personnes « impliquées » dans l’attentat-suicide attribué à l’Etat islamique (EI) contre une église orthodoxe à Damas ont été arrêtées, ont annoncé les autorités syriennes lundi 23 juin. Deux autres personnes également « impliquées » dans cette attaque ont été tuées, selon cette même source.
L’annonce de ces interpellations intervient quelques heures après que le président intérimaire syrien, Ahmed Al-Charaa, a promis de traduire en justice les personnes liées à cet attentat « odieux » dans l’église de Saint-Elie qui a fait au moins 25 morts.
Des « ceintures d’explosifs, des mines prêtes à être déclenchées et une moto piégée » ont été saisies « dans une cache lors d’une opération de sécurité ciblant des cellules de l’organisation terroriste Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] » dans la région de Damas, a détaillé le ministère de l’intérieur.
« Ces opérations ont donné lieu à des affrontements au cours desquels le chef de la cellule et cinq membres ont été arrêtés, tandis que deux autres ont été tués : l’un était le principal planificateur de l’entrée du kamikaze dans l’église, l’autre préparait également une attaque terroriste dans un quartier de la capitale », a ajouté le ministère.
D’après les autorités, un assaillant du groupe djihadiste EI a fait irruption dimanche dans l’église orthodoxe Saint-Elie du quartier de Dwelaa, et a tiré sur les fidèles, avant d’activer sa ceinture d’explosifs. L’EI n’a pas revendiqué cet attentat.
Appel à l’unité
Depuis sa prise de pouvoir, le président Ahmed Al-Charaa tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale, qui l’exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités. « Nous travaillerons jour et nuit pour arrêter tous ceux qui ont participé ou planifié ce crime odieux, et les traduire en justice afin qu’ils reçoivent la peine qu’ils méritent », a-t-il martelé dans un communiqué.
L’attentat visant « des innocents en sécurité dans leurs lieux de culte nous rappelle l’importance de la solidarité et de l’unité – gouvernement et peuple – face à tout ce qui menace la sécurité et la stabilité de notre patrie », a ajouté M. Al-Charaa.
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« Gloire au Christ », « Le sang des chrétiens est précieux », ont scandé lundi soir des centaines de manifestants dans le quartier chrétien de Bab Touma à Damas, dénonçant l’attentat et réclamant justice, selon un correspondant de l’Agence France-Presse.
Cet attentat a été condamné par les Nations unies et nombre de pays, dont la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne. Soutien des nouvelles autorités à Damas, Ankara ne laissera pas la Syrie se faire « entraîner à nouveau dans l’instabilité », a mis en garde son président, Recep Tayyip Erdogan. Washington a dénoncé « un acte de lâcheté », tandis que l’Union européenne a condamné une attaque « odieuse », appelant à « intensifier les efforts contre la menace terroriste ».
Le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Youhanna X, a annoncé lundi, lors d’une visite à l’église Saint-Elie, qu’« une cérémonie funèbre collective aura lieu mardi après-midi pour plusieurs des victimes de l’attentat ».
La minorité chrétienne réduite à 300 000 personnes
Cette attaque est la première du genre depuis la chute, le 8 décembre 2024, du président syrien d’alors Bachar Al-Assad, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Al-Charaa.
En mai, l’EI avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes, qui avaient ensuite arrêté des membres de cellules djihadistes à Alep dans le nord et près de Damas.
La Syrie compte une minorité chrétienne dont le nombre est passé d’environ un million avant le début du conflit en 2011 à moins de 300 000, selon des experts, en raison de l’exode. Durant près de quatorze ans de guerre civile, des églises ont été endommagées et des attaques se sont déroulées près de lieux de culte chrétiens, mais aucun attentat-suicide n’avait frappé à l’intérieur d’une église, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
La sécurité reste l’un des plus grands défis pour les autorités syriennes, appelées par la communauté internationale à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition.