Des bulldozers aplanissent un lopin de terre au cœur de la « Montagne » de Hadariya, le plus grand quartier de l’est d’Alep, dans le nord de la Syrie. « C’est un quartier informel. L’ancien régime l’a en partie détruit. On retire les gravats pour reconstruire », explique le chef de chantier qui refuse de donner son nom. Des hommes s’attroupent. « Comment allons-nous obtenir nos droits ? », l’interpelle un habitant dont le logement est promis à la destruction. « Nous préparons des logements pour vous réinstaller durant les travaux. Ça va prendre deux ans. Ceux qui ont un titre de propriété obtiendront leurs droits. Il y aura de nouveaux immeubles de sept étages, des jardins, une mosquée, des écoles », promet le chef de chantier.
Le développement de Hadariya fait figure de projet pilote, pour le gouvernorat d’Alep, dans le processus de reconstruction des quartiers détruits durant la guerre civile. En 2012, la vieille ville d’Alep et les quartiers informels de l’Est, habités par une classe ouvrière venue des campagnes pour trouver un emploi dans la métropole industrielle, étaient tombés aux mains de l’opposition. Ils ont été repris en 2016 par les forces loyales au régime d’Al-Assad, au prix de destructions massives et de dizaines de milliers de morts, et les rebelles ont été transférés vers la région voisine d’idlib, plus au sud. Depuis la chute du dictateur Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024, 200 familles sont revenues à Hadariya, où la plupart des 23 000 logements ont été détruits.
Véritable casse-tête foncier, le projet cause des remous parmi la population locale. L’ancien régime s’était approprié les terrains, mais, renonçant à ses projets d’investissement, il a laissé des habitants construire avec des titres de propriété délivrés par le tribunal. Les familles les plus pauvres sont restées locataires. Le 21 octobre, ces résidents ont reçu un ordre d’évacuation de la main de la compagnie privée chargée du chantier. Sur le petit papier blanc, signé par les autorités locales, il est précisé que le déblaiement des gravats sera à la charge de « l’usager ».
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