Dans le dédale d’ateliers textiles de la zone industrielle de Macrolotto, des enseignes colorées vantent le chic à l’italienne. Rainbow Moda, Feeling, Dolce Vita ou encore Best One égaient les frontons de dizaines de hangars débordants de chemisettes, de vestes et de robes d’été. Leurs sous-titres en mandarin rappellent qu’ici, dans ce faubourg de Prato, en Toscane, le plus grand pôle industriel textile d’Europe est aux mains de patrons chinois.
Machines à coudre et camions de livraison ne font jamais relâche dans ce « Chinatown » laborieux, où le dogme du flux tendu cohabite avec un autre principe : celui de la discrétion. Le site a pourtant perdu de sa quiétude. Incendies criminels, attaques au couteau et intimidations dignes de films noirs ont transformé ces derniers mois cette zone industrielle en une vaste scène de crime. Au royaume de la fast-fashion se joue une confrontation mafieuse au surnom taillé sur mesure : la « guerre des cintres ».
« Prato fait face à une concentration de crimes et de délits jamais vus auparavant, des conflits entre groupes criminels dont la violence de rue rappelle celle des Corléonais de Toto Riina, en Sicile, dans les années 1980 », affirme le procureur de la ville, Luca Tescaroli, sans cesse dérangé par des appels urgents et des actes d’accusation à parapher lorsqu’il reçoit dans son bureau du palais de justice.
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