En mai 2024, les images de l’arrestation de l’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani, relayées par les réseaux sociaux, avaient marqué les esprits. Une vingtaine de policiers encagoulés faisaient irruption dans les locaux de la maison de l’ordre des avocats, à Tunis, et embarquaient sans ménagement cette voix dissidente, critique du président Kaïs Saïed, filmés en direct par une équipe de France 24. Un an plus tard, c’est le silence et l’oubli qui menacent cette figure indépendante du régime, soumise à des conditions de détention particulièrement sévères dans la prison de Manouba, dans la banlieue de la capitale tunisienne.
Sonia Dahmani purge une peine d’un an de prison (ramenée à huit mois en appel), pour avoir ironisé en mai 2024, dans L’Emission impossible, le programme télé très suivi de la chaîne Carthage +, sur l’intention prêtée aux migrants subsahariens de rester en Tunisie alors que le pays traverse une crise économique sévère.
« De quel pays extraordinaire parle-t-on ? », avait-elle lancé à l’antenne, au côté des journalistes Mourad Zeghidi et Borhen Bsaïes, qui seront arrêtés eux aussi, mais plus discrètement, le 11 mai 2024, puis condamnés comme elle à la prison pour « diffusion de fausses nouvelles » et « fausses déclarations dans le but de diffamer autrui » en vertu du décret-loi 54 dont use et abuse le président Kaïs Saïed pour faire taire ceux qui remettent son pouvoir en question.
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