Passer une journée devant les chaînes des médias progouvernementaux, qui détiennent 90 % du paysage médiatique turc, c’est entrer dans un monde parallèle et clos, très loin de la mobilisation inédite en cours et de ses cris de révolte. Depuis l’arrestation, mercredi 19 mars, du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, candidat à la présidentielle du Parti républicain du peuple (CHP, opposition) et principal rival du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, les images des manifestations monstres de ces derniers jours y sont réduites à quelques scènes répétées en boucle d’affrontements avec la police.
Le CHP y est décrit comme un cloaque de corruption. Et l’édile et ses collaborateurs sont accusés, sans relâche et sans retenue aucune, de détournement d’argent, de terrorisme et de trahison. Mardi 25 mars au soir, lorsque le président de la formation kémaliste, Özgür Özel, s’adresse devant la municipalité à la foule – 300 000 personnes, selon le CHP –, les invités du plateau de débat de la grande chaîne publique TRT dissertent sur les faits de corruption dont la mairie d’Istanbul se serait rendue coupable, faisant intervenir spécialistes et experts juridiques.
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