Le contraste des images est saisissant. D’un côté, le ballet de voitures blanches emmenant, dimanche 23 mars, dans la matinée, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et cinquante-et-un de ses coaccusés à la prison de Silivri, l’un des plus vastes complexes pénitentiaires d’Europe, situé en périphérie de la ville. De l’autre, les files sans fin d’électeurs entourant les points de vote organisés un peu partout dans le pays par le Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation de l’opposition, pour désigner Ekrem Imamoglu comme candidat à la prochaine présidentielle, prévue en 2028.
Deux scènes qui, dans leur face-à-face, disent le tourbillon dans lequel est plongée la Turquie depuis l’arrestation spectaculaire, mercredi, de ce rival et bête noire du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, et de ses principaux collaborateurs. Tard dans la nuit, ce sont les images des policiers intervenant brutalement contre les manifestants qui sont venus clore une nouvelle folle journée.
Selon un décompte publié par le parti, « sur 15 millions de votes, 13 211 000 ont exprimé leur solidarité » avec Ekrem Imamoglu, seul candidat en lice. L’intéressé a salué cette nouvelle depuis la prison, précisant qu’elle le rendait « très heureux ». « Des dizaines de millions de personnes dans ce pays, qui souffrent de l’oppression du gouvernement, d’une économie ruinée, de l’incompétence et d’une situation de non-droit, se sont précipitées aux urnes pour dire à Erdogan que cela suffit », écrit-il dans une déclaration transmise par la mairie. Et de conclure : « Les urnes viendront, la nation donnera à ce gouvernement une gifle qu’il n’oubliera jamais. »
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