La nouvelle est passée inaperçue tant les regards étaient braqués sur l’offensive des troupes ukrainiennes dans la région russe de Koursk. C’est pourtant une révolution médicale et sociétale que l’Ukraine a commencée avec l’entrée en vigueur, le 16 août, de la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. En juin, Volodymyr Zelensky avait apporté publiquement son soutien au texte, adopté au Parlement en décembre 2023.
La loi autorise la culture du chanvre à des fins médicales, industrielles et scientifiques « afin de créer les conditions permettant d’élargir l’accès des patients au traitement nécessaire des maladies oncologiques et des troubles de stress post-traumatique [post-traumatic stress disorder, PTSD] ». Selon le ministère de la santé, environ six millions d’Ukrainiens pourraient bénéficier du cannabis médical, soit trois fois plus que les deux millions de patients potentiels estimés avant l’invasion russe, en février 2022. Une hausse due presque entièrement à l’envolée du nombre de personnes souffrant de stress post-traumatique depuis le début de l’offensive à grande échelle.
Seules les personnes munies d’une ordonnance médicale pourront se procurer légalement du cannabis, dont la vente et la distribution seront strictement contrôlées par le gouvernement. « L’ordonnance sera prescrite par le médecin au patient en fonction de son état, comme c’est actuellement le cas pour la morphine », a expliqué le législateur, Yaroslav Zhelezniak. La vente de cannabis à des fins récréatives reste en revanche interdite.
Subtilité législative
S’il n’existe pas de statistique nationale, le syndrome de stress post-traumatique pourrait, à terme, toucher 30 % à 50 % des Ukrainiens, selon les estimations. Ces deux dernières années, le système de santé ukrainien a déjà enregistré une augmentation significative du nombre de patients diagnostiqués avec un PTSD : ils étaient plus nombreux durant les deux premiers mois de 2024 (3 292) que pendant toute l’année 2021 (3 167).
Pour les soldats et civils atteints d’un PTSD, l’accès au cannabis thérapeutique s’annonce pourtant long et difficile. Car, pour l’heure, le stress post-traumatique ne figure pas sur la liste officielle des maladies autorisant d’y recourir. « Cela fait encore l’objet de gros débats au sein du ministère de la santé, explique Hanna Hlushchenko, fondatrice de l’Association ukrainienne de conseil sur le cannabis. Ce sont eux qui décident quelles maladies peuvent figurer sur la liste, et ils sont très sceptiques sur l’efficacité du cannabis thérapeutique pour traiter les victimes de PTSD, car ils estiment que les données scientifiques ne sont pas assez convaincantes. »
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