C’est un recueil de cartes particulièrement rare que disperse le 24 septembre la maison de ventes parisienne Millon. Celle-ci a même spécialement créé pour l’occasion une nouvelle appellation, « Les Inestimables ». Le Grand Insulaire, du cosmographe André Thevet (1516-1592), sort il est vrai de l’ordinaire.
« C’est le seul recueil réunissant autant de cartes gravées, 229, dont près de la moitié étaient entièrement inconnues jusqu’ici », fait valoir Elvire Poulain-Marquis, experte en livres anciens au sein du Cabinet Poulain. Plutôt qu’une estimation, celle-ci a préféré établir une mise à prix de 10 000 euros, à partir de laquelle elle espère une envolée. « Le seul maigre indice de comparaison est le prix de vente de quelques rarissimes cartes qui se sont vendues à l’unité autour de 2 000 euros chacune », explicite l’experte. Elle a préféré ne pas s’appuyer sur d’autres recueils d’André Thevet, comme La Cosmographie universelle ou Les Singularités de la France antarctique, dont les prix de vente publique varient, selon l’exemplaire, entre 10 000 euros et 90 000 euros.
Pour Elvire Poulain-Marquis, les conditions de la réalisation du Grand Insulaire contribuent à son caractère exceptionnel. « Il s’agit en fait d’un jeu d’épreuves typographiques pour un projet éditorial colossal qui n’a jamais pu voir le jour. Ces cartes ont été gravées en parallèle du texte manuscrit qui est, lui, conservé à la BnF. Les cartes ne constituent pas une simple illustration mais sont bien au cœur du projet, le texte venant décrire chacune d’entre elles, en guise de chapitres », détaille la spécialiste, estimant qu’il existerait quatre à cinq jeux d’épreuves de ces cartes en tout, qui auraient pu être gravés vers 1586-1587.
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