Rien de nouveau dans le ciel franco-algérien ? On a tout lieu de le penser quand on survole les six décennies qui ont suivi l’accession en 1962 de l’Algérie à l’indépendance à l’issue d’une sanglante guerre avec la France. Le regard rétrospectif a cette vertu, celle de restituer la familiarité – tout autant que de pointer la singularité – de la crise opposant depuis près d’un an Paris et Alger. Le Monde a pris le parti de revisiter quatre épisodes passés de fièvre diplomatique afin de mieux mettre en lumière les ressorts de cette relation tourmentée.
S’y mêlent dans un imbroglio inextricable l’héritage – toujours non soldé – de la colonisation, les raidissements autoritaires d’un régime d’Alger conscient de sa fragilité, les ambivalences d’une immigration aux effets centripètes (imbrication humaine) comme centrifuges (crispations identitaires) et les dilemmes de la géopolitique régionale imposés par la rivalité algéro-marocaine.
En apparence, la crise en cours est née sur ce dernier terrain diplomatique : en juillet 2024, Emmanuel Macron reconnaissait solennellement la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental au grand dam d’Alger, soutien des indépendantistes du Front Polisario. Mais sa virulence – et donc sa durée – ne s’explique que parce que le différend a réveillé au fil d’une actualité adverse ininterrompue d’autres maux inflammatoires, ceux-là mêmes qui endolorissent le lien franco-algérien depuis soixante ans.
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