- Il n’y a jamais de bonne manière de rompre avec un ou une partenaire.
- Néanmoins, certaines techniques sont particulièrement malsaines.
- Plus pernicieux que le ghosting, le banksying consiste à laisser une relation mourir (voire pourrir).
Une séparation amoureuse n’est jamais simple. Et, en matière de rupture, il existe de nombreuses sorties qui manquent de classe et d’élégance. Voire de respect. Parmi celles qui font mal et qui manquent de courage, il y a la rupture par message. Et puis, il y a les ruptures toxiques : le ghosting, par exemple, qui consiste à disparaître sans un mot. Du jour au lendemain, le son et l’image sont coupés. Une autre tendance pointe le bout de son nez, tout aussi malsaine et inélégante : le banksying.
Un retrait émotionnel progressif
Le banksying est une attitude toxique dont le nom s’inspire du célèbre et mystérieux artiste de street-art. Ses œuvres surgissent de nulle part et comportent souvent des messages cryptiques. Mais surtout, c’est l’œuvre « Girl With Balloon » qui a donné son nom à ce comportement toxique. Pour mémoire, ce pochoir peint à la bombe de 2006 s’est mystérieusement auto-détruit après avoir été vendu aux enchères. À l’instar de l’artiste et de ses œuvres qui disparaissent peu à peu, le banksying consiste à laisser mourir à petit feu une relation, en espérant que l’autre prenne l’initiative de la rupture. Certes, cette technique très lâche existe depuis longtemps, mais elle prolifère de plus en plus avec la multiplication des rencontres en ligne. Pour Amy Chan, coach en relations amoureuses, interrogée par USA Today
, « la personne qui se replie sur elle-même a la possibilité de gérer la rupture à sa façon, avant de transmettre le message à l’autre, qui finit par être sous le choc. C’est égoïste. Cela témoigne d’un manque de maturité émotionnelle et d’une façon de gérer les conflits ancrée dans l’évitement
« .
Concrètement, les banksyers ne s’impliquent plus vraiment émotionnellement et envoient des signaux contradictoires. L’autre sent que quelque chose ne va pas, pourtant le partenaire assure le contraire. Ce qui rend le banksying toxique, c’est l’incertitude et l’ambiguïté. Lorsqu’une personne ghoste, on sait que la relation est rompue. Ça fait mal, mais on est fixé. Or, dans ce cas, on ne sait pas sur quel pied danser avec le partenaire qui laisse pourrir la situation. « Ils peuvent mentir et prétendre que tout va bien, mais vous devez aussi faire preuve de persévérance, car vous pouvez percevoir les signes de distance émotionnelle
« , souligne la coach. Pour la victime du banksying, c’est la confusion la plus totale. Cette pratique va générer du stress, des questionnements, des remises en question, des conflits et de l’anxiété. Jusqu’à ce que, à bout, elle décide de mettre fin à la relation.
Immaturité et inertie
Interrogée par Doctissimo
, la psychologue clinicienne Johanna Rozenblum explique qu’il y a une part « d’immaturité et de lâcheté. Celle d’être confronté à la réalité, de parler de sa réalité à l’autre et d’en assumer les conséquences
« . Elle poursuit : « Quand on n’est pas capable de ça, d’amener l’autre face à sa réalité, on joue sur le temps qui va bien nécroser la relation
. » Même s’il n’y a pas l’intention de faire souffrir l’autre, il s’agit d’une attitude toxique. Parfois, c’est l’inertie face à une situation qu’il ne maîtrise plus qui fait qu’il laisse mourir la relation. « Ça peut être aussi le symptôme de beaucoup d’incertitude, de la peur de blesser, de briser une famille s’il y a une famille, d’avoir du mal à se projeter dans l’avenir, d’avoir peur des conséquences…
« .
Mais qu’importent les raisons qui poussent à adopter cette attitude, cela démontre une incapacité à tolérer les « émotions désagréables et les conversations difficiles
« , souligne Amy Chan auprès d’USA Today
. « Au lieu de gérer les difficultés relationnelles ou de ressentir la culpabilité d’une rupture, les gens finissent par causer plus de tort en faisant durer les choses
« . D’où l’importance de remettre la communication et l’honnêteté au centre des relations et des rencontres modernes. Pour Johanna Rozenblum, « même si on n’est pas soi-même à l’origine de cette perte d’élan, même si on n’est pas responsable, et qu’on souffre, il faut pouvoir prendre les devants et se protéger soi-même en engageant la discussion
. » Être poli, franc, ferme et sans détours est le meilleur moyen de mettre les choses au clair, surtout si l’autre chemin emprunté impacte la santé mentale de l’autre. Et c’est toujours le cas avec les attitudes toxiques.