Un énorme pick-up rouge tracte un hors-bord, à l’assaut des Pyrénées. Difficile de faire plus m’as-tu-vu que le rutilant convoi qui se présente, le 10 février, devant les barrières du péage de Biriatou (Pyrénées-Atlantiques), à la frontière franco-espagnole. Les douaniers en poste ce jour-là ne peuvent s’épargner une exploration minutieuse de ce véhicule immatriculé en Pologne, si remarquable qu’il en devient suspect. A l’intérieur des longerons de la remorque, ils découvrent 58 kilos de cocaïne (3,8 millions d’euros de valeur marchande), après un découpage à la disqueuse, un outil devenu indispensable dans la lutte contre les trafics de stupéfiants.
Cette affaire, en cours d’investigation par l’Office antistupéfiants (Ofast), sur la piste d’un réseau actif depuis le Benelux, surprend par le manque de discrétion du « vecteur » utilisé, mais étaye une tendance émergente des trafics : le passage de chargements de cocaïne depuis la péninsule Ibérique vers la France, jusqu’à saturation. « Notre base de travail traditionnelle, c’est la remontée du cannabis depuis le Maroc, mais on observe, ces derniers mois, une explosion des flux de cocaïne », constate Sébastien Mugica, chef divisionnaire des douanes de Bayonne, en première ligne d’une « submersion », selon le mot des magistrats spécialisés, où n’importe quel véhicule, du plus discret au plus extravagant, peut être muni de caches aménagées. « En 2023, sur notre secteur, on avait saisi environ 10 kilos de cocaïne ; en 2024, c’était 335 kilos », précise le douanier bayonnais.
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