Le gouvernement n’est pas encore nommé que déjà, la « cohabitation exigeante » théorisée à l’Elysée au lendemain de la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre prend des airs de cohabitation dure.
Ainsi, la composition du gouvernement a altéré sensiblement, ces derniers jours, les relations entre le chef de l’Etat et le premier ministre. Michel Barnier a présenté, mardi 18 septembre, une première ébauche à Emmanuel Macron. Une première liste de ministres potentiels retoquée par le chef de l’Etat, qui l’a jugée « monocolore » devant ses proches. Et dont les élus du camp présidentiel ont eu connaissance, alors que rien ne fuite de Matignon. Cette liste se caractériserait par une présence déraisonnable d’élus Les Républicains (LR), dénoncent-ils.
Abonnés aux défaites électorales et fatigués par leur cure d’opposition depuis 2012, les LR ont en effet retrouvé un appétit vorace, malgré leurs 47 députés, contre 97 pour le camp du président. Au point de réclamer entre un quart et un tiers des ministères, dont ceux dits régaliens (intérieur, justice, économie). « Nous sommes le premier groupe quand vous additionnez les sénateurs (132) et les députés », répète à l’envi le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, souvent cité pour Beauvau.
Une quinzaine de députés Renaissance, MoDem et Horizons étaient reçus à déjeuner, mercredi, par le chef de l’Etat. Particulièrement remontés et inquiets à la perspective d’un « gouvernement LR » dans lequel le camp présidentiel devrait se contenter de postes subalternes, ils ont prévenu que si tel était le cas, ils ne pourraient pas soutenir le gouvernement Barnier. Emmanuel Macron a « approuvé fortement », selon plusieurs convives, encourageant ses hôtes à « exprimer le fait que cela ne [leur] convient pas ».
« Se rapprocher le plus possible de l’union nationale »
En début d’après-midi ce mercredi, le chef de l’Etat recevait de nouveau, pour la deuxième fois en deux jours, le premier ministre. Peu après cette entrevue, on apprenait que le rendez-vous de Michel Barnier avec les responsables LR Gérard Larcher, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, prévu à 18 heures, était annulé. Pour ne pas accroître l’impression que le premier ministre privilégie sa famille politique, alors qu’il a annulé mercredi matin, officiellement pour des raisons d’agenda, la rencontre avec une délégation du camp présidentiel ? Ou bien parce que le chef de l’Etat lui a demandé une nouvelle fois de revoir sa copie ? L’entourage de Michel Barnier se gardait d’avancer la moindre raison, et démentait les « informations inexactes » qui circulent, « notamment sur les noms » et sur « l’équilibre des sensibilités ». « Cela ne représente en rien le projet de gouvernement souhaité par le premier ministre », dément l’équipe du chef du gouvernement.
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