Du parvis, la façade de la cathédrale de Reims se découpe nettement sur le ciel bleu azur. De cette façade à l’impressionnante statuaire, et plus généralement de l’édifice, Eric de Moulins-Beaufort, 63 ans, archevêque des lieux, connaît tout. La taille haute et aristocratique, le dos parfois légèrement voûté, comme ployant sous le poids de sa charge, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), qui achève son mandat, pourra désormais admirer l’édifice autant qu’il le souhaite. Incarner l’Eglise de France en crise incombera à quelqu’un d’autre.
Cette institution, à laquelle il a consacré sa vie, a tremblé durant tout son mandat sous le choc des scandales de violences sexuelles commis par ses membres. Il ne s’est pas passé une semaine sans qu’une nouvelle affaire vienne alimenter ce que les ecclésiastiques appellent pudiquement la « crise des abus ».
En six ans – il a été élu en 2019 – Eric de Moulins-Beaufort sera devenu le visage d’un changement d’attitude dans la lutte contre les violences sexuelles dans l’Eglise. C’est sous sa présidence, en 2021, que le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) a révélé au grand public l’ampleur des violences. C’est aussi sous sa gouvernance qu’a été rendu public l’aveu d’agression sexuelle sur une jeune fille de 14 ans par le cardinal Jean-Pierre Ricard, faisant prendre conscience que les hiérarques pouvaient être concernés. Le scandale entourant l’abbé Pierre ou encore les affaires touchant certains établissements de l’enseignement catholique, tel Bétharram, ont aussi marqué les années Moulins-Beaufort.
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