On le sent, on le hume dans les couloirs labyrinthiques de la Comédie-Française, en ces journées de mai : tout autant que la joie, un certain parfum de mélancolie flotte dans l’air. Joie, bien sûr, de voir les onze ans d’administration d’Eric Ruf se clore sur le succès éclatant du Soulier de satin, signé par le patron de la maison : une pluie de Molières, des billets vendus comme des petits pains, et la programmation du spectacle dans la Cour d’honneur du Palais des papes, à Avignon, en juillet. Et mélancolie, car ce feu d’artifice siffle aussi la fin de la partie pour une administration qui a remis la Comédie-Française sur le devant de la scène théâtrale française, en la modernisant en profondeur, sur le plan tant artistique que sociétal.
Le 4 août, Eric Ruf quittera le grand bureau directorial donnant sur la place Colette, à Paris, pour laisser la place à Clément Hervieu-Léger. Le 21 mai, il a annoncé la dernière saison programmée par ses soins : une saison particulière, qui se déroulera en partie hors les murs, en raison de travaux dans la salle Richelieu. L’heure est au bilan. « Avec lui, le Français est devenu l’endroit où il faut être », résume sobrement un programmateur pourtant connu pour son esprit piquant.
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