- La ville espagnole de Torre Pacheco, dans le sud-est du pays, est en proie à une flambée de violences depuis deux nuits consécutives.
- Suite à l’agression d’un retraité, des appels à la haine ont circulé en ligne, et des groupes munis de bâton ont cherché à s’en prendre à des personnes d’origine étrangère.
- Les autorités annoncent avoir déjà interpellé une personne, et exhortent au retour au calme.
Un appel à la « chasse »
aux personnes d’origine étrangère, des groupes qui déferlent munis de bâtons… Les autorités espagnoles ont lancé dimanche 13 juillet un appel au calme dans la ville de Torre Pacheco, près de Murcie (sud-est), où des émeutes anti-immigrés ont éclaté samedi soir, pour la deuxième nuit consécutive. Elles surviennent après l’agression d’un retraité par trois jeunes, actuellement recherchés par la police.
« Torre Pacheco doit retrouver la normalité (…) Je comprends la frustration, mais rien ne justifie la violence »
, a écrit dans un message sur le réseau social X le président conservateur de la région de Murcie, Fernando Lopez Miras, en assurant que l’agression subie par ce retraité ne resterait « pas impunie »
. « J’appelle les habitants au calme, à la tranquillité »
, a aussi insisté à la télévision publique RTVE le maire de la ville, Pedro Angel Roca Ternel, membre lui aussi du Parti populaire (conservateur), en appelant à ne pas confondre les « délinquants »
avec l’ensemble de la population immigrée (nouvelle fenêtre), venue « pour travailler »
.
Des affrontements font plusieurs blessés, des enquêtes « lancées »
Torre Pacheco, ville de 36.000 habitants située sur la côté méditerranéenne, a connu dans la nuit de samedi à dimanche une deuxième nuit consécutive d’émeutes, avec des affrontements qui ont fait plusieurs blessés, selon la préfecture. D’après le quotidien La Opinión de Murcia
(nouvelle fenêtre), plusieurs groupes de personnes ont parcouru les rues de la commune munis de bâtons, à la recherche de personnes d’origine étrangère, malgré le déploiement d’un important dispositif policier. Plus de 50 agents avaient été mobilisés, selon le journal El Paìs
(nouvelle fenêtre), qui relate que cinq personnes ont été blessées.
Au moins une personne a été interpellée, selon la préfecture. « Il y aura d’autres arrestations »
, a également annoncé la déléguée du gouvernement pour la région de Murcie, Mariola Guevara. « De nombreuses personnes qui ont incité à cette perturbation de l’ordre public et à ces crimes de haine sont en train d’être identifiées »
, a-t-elle assuré, citée par El Paìs
, précisant que « plusieurs enquêtes »
ont été ouvertes et sont « très avancées »
.
Ces affrontements se sont produits après la violente agression en pleine rue, mercredi à l’aube, d’un habitant de 68 ans. Ce retraité, prénommé Domingo, a raconté à des médias espagnols, le visage tuméfié, avoir été attaqué par trois jeunes d’origine nord-africaine, sans motif apparent. Cette agression, filmée et dont la vidéo a été mise en ligne sur les réseaux sociaux, a poussé la mairie à organiser un rassemblement vendredi après-midi. Cette manifestation, qui se voulait pacifique, a dégénéré en raison de la présence de groupes d’extrême droite (nouvelle fenêtre) qui ont diffusé des slogans anti-immigrés (nouvelle fenêtre), selon les autorités.
La communauté d’origine maghrébine ciblée par des appels en ligne
L’un d’eux, baptisé « Deport them now »
(« Déportez-les maintenant »
) a ainsi appelé sur Telegram à une « chasse »
aux personnes d’origine nord-africaine. « Si les autres Maghrébins de la commune ne collaborent pas à l’identification des coupables, ils deviendront automatiquement coupables et devront payer »
, a-t-il écrit.
La déléguée du gouvernement en Murcie a dénoncé des
« appels xénophobes »
(nouvelle fenêtre) lancés en ligne « pour provoquer des troubles »
. Ces « organisations anti-système »
sont responsables du vif regain de tensions, en ayant « fait venir des personnes de l’extérieur de Torre Pacheco pour déclencher de la violence »
, a-t-elle fustigé, toujours citée par El Paìs
.
Dans un message sur le réseau social Bluesky, la ministre de la Jeunesse Sira Rego, membre du parti d’extrême gauche Sumar, a quant à elle condamné « fermement les persécutions racistes contre les personnes migrantes à Torre Pacheco »
, mettant en cause le rôle de « l’ultradroite »
dans ces émeutes.