Il s’en est fallu de peu. Grâce au vote décisif du nouveau vice-président, J. D. Vance, le Sénat américain a confirmé, vendredi 24 janvier, la nomination de Pete Hegseth comme ministre de la défense de Donald Trump, malgré de nombreuses controverses à son sujet.
La nomination au Pentagone de cet ancien major de l’armée avait été vivement contestée par les démocrates en raison notamment d’une accusation d’agression sexuelle datant de 2017, de son manque d’expérience, et de soupçons sur une consommation d’alcool excessive.
Aux Etats-Unis, la Constitution exige que les nominations de ministres et autres hauts responsables soient confirmées par un vote à la chambre haute du Congrès. Mais malgré une majorité républicaine de 53 sièges sur 100 au Sénat, le nouveau vice-président, J. D. Vance, a dû – chose rare – se rendre sur place pour départager un décompte de 50 voix contre 50 avec sa voix décisive.
Car trois élus républicains ont voté contre, dont, avec une certaine surprise, Mitch McConnell, ancien responsable républicain. Lisa Murkowski, qui a aussi voté contre, avait plus tôt affirmé que cette nomination suscitait « des inquiétudes considérables » sur lesquelles elle ne pouvait pas « fermer les yeux ». Elle cite aussi l’opposition exprimée par Pete Hegseth à la présence de femmes dans les troupes combattantes. Depuis ses déclarations en novembre, l’ancien militaire a affirmé être revenu sur cette opposition.
Une volonté de réformer le Pentagone
Pete Hegseth s’est fait connaître des Américains ces dix dernières années comme présentateur chez Fox News, la chaîne préférée des conservateurs aux Etats-Unis. A 44 ans, il va prendre la tête d’un ministère doté d’un budget pharaonique de 850 milliards de dollars (environ 810 milliards d’euros) annuels et employant quelque trois millions de soldats, réservistes, et civils.
Sa mission principale, a-t-il déclaré mi-janvier lors de son audition de confirmation devant une commission du Sénat, sera de « ramener la culture du guerrier » au Pentagone. Pete Hegseth a assuré à de nombreuses reprises vouloir réformer le Pentagone de fond en comble, devenu trop « woke » et acquis à une idéologie trop à gauche selon lui.
L’annonce de la nomination de Pete Hegseth en novembre avait suscité une levée de boucliers dans l’opposition. Face à la commission des forces armées, les sénateurs démocrates l’avaient notamment interrogé sur une accusation d’agression sexuelle.
Datant de 2017 en Californie, elle avait émergé après l’annonce de sa nomination. L’ancien militaire, qui dément toute relation non consentie, était parvenu à un accord financier de 50 000 dollars quelques années plus tard avec celle qui l’accusait, pour empêcher des poursuites.
Soutenu jusqu’au bout par Donald Trump
Les élus de l’opposition avaient également décrié lors de l’audition son manque d’expérience pour diriger un portefeuille aussi important. « M. Hegseth, vous n’êtes pas qualifié », avait lancé la sénatrice Tammy Duckworth. Cette ancienne pilote d’hélicoptère de combat dans l’armée, amputée des deux jambes après que son appareil fut visé par une roquette en Irak en 2004, a critiqué dans un communiqué mercredi son opposition à la présence de femmes dans les troupes combattantes.
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Pete Hegseth est aussi soupçonné d’avoir une consommation d’alcool régulièrement excessive. « L’un de vos collègues a dit que vous étiez tellement bourré à un événement dans un bar que vous avez chanté “Tuez tous les musulmans” », a asséné la sénatrice Elizabeth Warren lors de l’audition.
Malgré les polémiques, Donald Trump a maintenu coûte que coûte son choix. Vendredi encore, il l’a qualifié d’« homme bien ».