Le temps presse sur les finances américaines, selon Scott Bessent. Le secrétaire au Trésor a adressé, vendredi 9 mai, un courrier au président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, invitant expressément les élus à voter un texte sur le plafond de la dette avant les vacances parlementaires – qui débutent le 24 juillet – afin d’éviter que le gouvernement américain ne se retrouve à court de liquidités.
« Je presse, respectueusement, le Congrès de hausser ou suspendre la limite de la dette d’ici mi-juillet (…) pour préserver la crédibilité et la confiance [de la communauté internationale et des investisseurs] envers les Etats-Unis », exhorte Scott Bessent dans sa lettre.
L’exercice fiscal du gouvernement fédéral américain s’étend chaque année du 1er octobre au 30 septembre suivant. Mais la première économie mondiale a atteint en janvier le seuil au-delà duquel il lui est, en principe, interdit d’emprunter pour se financer. Le Trésor a alors pris des « mesures extraordinaires », temporaires, pour geler des dépenses et permettre au gouvernement d’honorer ses échéances existantes. « Il y a une probabilité raisonnable que les liquidités et les mesures extraordinaires soient épuisées en août », avertit le secrétaire au Trésor.
Les élus républicains, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, ne sont pas encore parvenus à s’entendre sur les modalités techniques d’une suspension ou d’un relèvement du plafond de la dette. Fin mars, le service du budget au Congrès (CBO) avait déjà prévenu que les Etats-Unis risquaient de se retrouver en défaut de paiement en « août ou septembre 2025 » faute d’accord parlementaire.
Un risque aux conséquences catastrophiques
La première économie mondiale n’a encore jamais connu de défaut de paiement, un événement qui aurait des conséquences catastrophiques pour les Etats-Unis. Longtemps traité comme un sujet non partisan, le plafond de la dette est devenu un instrument politique au milieu des années 1990 et a été à l’origine d’impasses qui ont mis les Etats-Unis au bord de la cessation de paiements plus d’une fois.
« Des épisodes passés ont montré qu’attendre la dernière minute pour suspendre ou relever la limite de la dette pouvait avoir des conséquences négatives sérieuses pour les marchés financiers, les entreprises et le gouvernement fédéral », a écrit Scott Bessent.
Après l’une de ces crises, durant l’été 2011, l’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s avait décidé d’abaisser la note des Etats-Unis, privée du prestigieux AAA.
« L’incapacité » éventuelle à voter un texte d’ici août « sèmerait le chaos dans notre système financier et affaiblirait la sécurité et le standing des Etats-Unis », a insisté le ministre.