C’est un « enjeu très fort de souveraineté ». Le 26 mars, auditionnée une heure et demie par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, Eva Berneke, la directrice générale de l’opérateur de satellites Eutelsat, lance un avertissement. Alors que la guerre en Ukraine a révélé la dépendance de l’Europe aux services de Starlink, la constellation satellitaire d’Elon Musk utilisée sur le champ de bataille par les soldats pour se connecter à Internet, « si on ne s’y met pas en Europe, ensemble, on aura simplement le choix de s’accrocher soit au train américain soit au train chinois », en référence à l’infrastructure similaire déployée par la Chine sous le nom de Qianfan.
Son appel à trouver une solution européenne n’est pas désintéressé. « Seul autre opérateur [de satellites] à avoir une constellation en orbite basse », grâce à sa filiale à 100 % OneWeb, Eutelsat est la « seule alternative à Starlink en Ukraine », insiste-t-elle devant les députés. Sous-entendu : plutôt que d’acheter de la bande passante à la société d’Elon Musk – la Pologne dépense 50 millions d’euros par an en liaisons Starlink pour le compte de l’Ukraine, selon le ministre polonais des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski – l’Europe ne ferait-elle pas mieux de contracter plus massivement avec OneWeb, dont les 650 satellites déjà en orbite basse, à 1 200 kilomètres de la Terre, couvrent la région ?
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