Une enquête a été ouverte à Paris, le 21 mars, pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique après l’évacuation, trois jours plus tôt, de plusieurs centaines de jeunes migrants qui occupaient la Gaîté-Lyrique, a annoncé le parquet de Paris, jeudi 12 juin. Ces investigations ont été lancées à la suite d’« un signalement de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), relatif à des violences qui auraient été commises par des fonctionnaires de police » lors de l’évacuation, a précisé le ministère public auprès de l’Agence France-Presse (AFP).
Cette ouverture d’enquête permet « l’exploitation des vidéosurveillances de cet événement » pour que ces images soient conservées, comme c’est le cas lors d’enquêtes judiciaires, a souligné le parquet.
Le 18 mars, après un arrêté pris par le préfet de police, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation de 450 jeunes migrants environ, en majorité originaires d’Afrique subsaharienne. Ces jeunes occupaient depuis le 10 décembre 2024 ce lieu culturel, propriété de la Mairie de Paris, demandant à être reconnus comme des mineurs et à être hébergés. Leur âge est contesté par la municipalité et la préfecture de police.
Quarante-six interpellations
Dès la mi-décembre, l’établissement situé dans le 3e arrondissement avait annulé sa programmation culturelle, se disant compréhensif et dénonçant « à la fois l’occupation et l’inaction des autorités ». Et le 10 février, la Gaîté Lyrique avait porté plainte contre X, dénonçant notamment des dégradations de biens et des messages malveillants.
Le 18 mars, vers 6 heures, CRS et gendarmes mobiles ont forcé les cordons formés devant l’établissement par plusieurs dizaines de militants, dans un climat houleux. Les forces de l’ordre sont ensuite entrées dans l’édifice, selon une reporter, qui a vu de jeunes migrants sortir du bâtiment avec leurs affaires. Peu avant 9 heures, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Le préfet de police avait alors fait état de 46 interpellations. Il avait aussi compté six jeunes migrants blessés, sans nécessité de prise en charge médicale. Trois autres personnes ont, elles, été prises en charge : un migrant, un CRS, et un journaliste blessé légèrement au genou. Après cette évacuation, plus de 400 artistes, dont la romancière Virginie Despentes et les comédiens Joey Starr, Adèle Haenel et Marina Hands en ont dénoncé, dans une tribune, « la brutalité ».