Le Sud global n’existe pas, d’ailleurs l’Occident ne cesse de l’affirmer. Trop peu de cohérence entre les pays composant des instances qui ne sont pas des alliances, comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), cette addition d’initiales. Trop peu de valeurs communes sur ce que doit être une bonne gouvernance ou sur le modèle de régime préférable à tous les autres. Ce Sud qui n’existe pas a pourtant rendez-vous en Chine la première semaine de septembre. Xi Jinping reçoit en deux temps les puissances rebutées par un ordre mondial forgé par les Etats-Unis, désormais chancelant et dévalué. Ce rejet n’est peut-être que leur seul dénominateur commun, mais il est efficace.
L’Organisation de coopération de Shanghaï en a offert la version diplomatique lundi 1er septembre à Tianjin, où il n’a été question que de coopération et de bonne volonté, pour ériger, selon son hôte, « un monde multipolaire juste et ordonné ». On y a retrouvé le premier ministre indien, Narendra Modi, choqué par la guerre douanière que vient de lui déclarer Donald Trump et irrité par les affirmations de ce dernier selon lesquelles lui et lui seul aurait mis fin à la dernière confrontation militaire entre l’Inde et le Pakistan.
Pour Washington, qui n’avait cessé de courtiser New Delhi afin de contrer Pékin dans l’Indo-Pacifique, il s’agit d’un avertissement sans frais. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui n’a toujours pas été invité à la Maison Blanche, était également présent à Tianjin, aux côtés d’une vingtaine de dirigeants, dont le président iranien, Massoud Pezeshkian.
La parade militaire prévue à Pékin le 3 septembre devait montrer que « l’ordre juste » n’exclut pas la démonstration de force. En tribune, le président chinois a prévu de côtoyer l’homme fort de Pyongyang, Kim Jong-un, et bien évidemment son homologue russe, Vladimir Poutine, présent en Chine une bonne partie de la semaine. Ce dernier n’aurait pu soutenir l’effort de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, depuis plus de trois ans, sans les munitions et les hommes venus de Corée du Nord, sans les drones iraniens ni l’aide de Pékin, notamment technologique, même si les autorités chinoises prennent soin de ne pas mordre ouvertement la ligne de la cobelligérance.
Il vous reste 62.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.