Le vote par une majorité hétéroclite de députés de la suppression pure et simple des zones à faibles émissions (ZFE), à l’occasion de l’examen par le Parlement du projet de loi dit de simplification économique, constitue le énième avatar du backlash écologique actuel, où l’ambition environnementale est reléguée à l’arrière-plan des politiques publiques.
Ce vote intervient dans un contexte de remise en cause générale des politiques écologiques en France et dans d’autres pays, mais il ne saurait faire oublier que le dispositif français, adopté en 2018, n’a jamais été réellement soutenu par l’Etat et les gouvernements successifs depuis sept ans : ils ont tenté de se défausser sur les collectivités locales, mais en ne leur donnant jamais les moyens opérationnels nécessaires.
Ainsi en est-il du « contrôle sanction automatisé » (des radars automatiques capables de repérer les véhicules les plus polluants), qui existe dans de nombreux autres pays européens mais n’est toujours pas mis en œuvre en France alors que les collectivités le réclament à l’Etat, ou bien encore de l’accompagnement financier, avec la suppression par le gouvernement, en décembre 2024, de la prime à la conversion pour l’achat d’un nouveau véhicule.
L’absence de volonté politique au niveau de l’Etat et l’absence même de pédagogie sur l’intérêt d’une action globale en faveur de la qualité de l’air des grandes aires métropolitaines françaises ont gravement nui au dispositif, présenté comme l’émanation d’une écologie qualifiée de « punitive » par les opposants à l’écologie, à droite et à l’extrême droite en premier lieu.
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Or la punition est bien là : la pollution de l’air tue, faut-il le rappeler, et les populations les plus modestes en sont les premières victimes, car ce sont elles qui vivent au plus près des grands axes routiers et autoroutiers, où se concentrent les polluants atmosphériques émis par le trafic motorisé. Le Conseil d’Etat a d’ailleurs sanctionné par trois fois l’Etat français en 2021, 2022 et 2023 par des astreintes financières de plusieurs dizaines de millions d’euros pour non-respect des valeurs de qualité de l’air fixées par la Commission européenne.
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