Face à la crise de la démocratie : plus de démocratie. Tel a été le mot d’ordre lancé jeudi 20 février par la ministre espagnole du travail, Yolanda Diaz, à Madrid, à l’occasion de la présentation du comité d’experts, qu’elle a chargé d’élaborer un rapport et des propositions législatives afin d’encourager la démocratie dans les entreprises. Face au « gouvernement des hyperriches », à « l’oligarchie technologique » et aux « corporations autocratiques » – autant de références à l’élection de Donald Trump, au pouvoir d’Elon Musk et plus généralement à la dérive du capitalisme financier aux Etats-Unis –, la cheffe du parti de la gauche radicale Sumar, qui gouverne le pays en coalition avec les socialistes, a défendu « la démocratisation des entreprises et de l’économie » et « un modèle de prospérité partagée » avec les salariés, visant aussi à réduire les inégalités. « La démocratie économique est une tâche morale et politique urgente dans un contexte global d’érosion de nos systèmes démocratiques, a-t-elle insisté. Sans démocratie dans le travail, la démocratie est incomplète. »
Sous la houlette de la sociologue belge Isabelle Ferreras, professeure à l’Université catholique de Louvain et chercheuse associée au Center for Labor and a Just Economy à Harvard (Etats-Unis), une douzaine d’économistes, juristes, sociologues, politologues et philosophes devront rendre leurs conclusions en septembre, parmi lesquels la sociologue franco-américaine et professeure à Harvard Julie Battilana ou le philosophe basque Daniel Innerarity. Jusqu’à présent en retard en matière de participation des salariés au capital et à la gouvernance des entreprises, le gouvernement espagnol entend non seulement rattraper le temps perdu, mais aussi se placer à la pointe.
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