- Certaines notions apprises sur les bancs de l’école semblent s’envoler aussi vite qu’elles sont arrivées.
- À contrario, savoir faire du vélo ou du ski reste gravé, même après des années sans pratique.
- Voici comment la science explique ce phénomène mystérieux.
Peut-être pouvez-vous encore réciter une poésie apprise à l’école primaire, alors que le nom des capitales asiatiques vues en cours de géographie vous échappe totalement. Ce paradoxe n’est pas dû au hasard. Comme l’explique Noelia Valle, professeur de physiologie, dans The Conversation
, « la consolidation d’un souvenir implique nécessairement l’élimination d’autres souvenirs »
, pour faire de la place dans le cerveau. Mais ce mécanisme n’est qu’un début d’explication. Plusieurs facteurs déterminent ce que notre mémoire choisit de garder ou d’oublier.
Savoirs théoriques : quel rôle joue la répétition ?
Pour retenir une information durablement, il ne suffit pas de la lire ou de la voir une fois. « La mémorisation, qui désigne le stockage et l’utilisation de cette information ou expérience, s’obtient par la répétition »
, indique Noelia Valle. Héctor Ruiz Martín, directeur de la Fondation internationale pour l’enseignement des sciences, abonde dans son livre Comment apprenons-nous ? Une perspective scientifique sur l’apprentissage et l’enseignement
. Selon ce spécialiste, pratiquer la répétition permet d’activer les engrammes (les traces biologiques dans le cerveau) jusqu’à vingt fois plus que l’apprentissage initial. À l’inverse, étudier juste avant un examen peut permettre d’avoir une bonne note, mais cela ne génère aucune trace durable dans le cerveau.
Relayée par le quotidien britannique The Times
, une étude menée par des chercheurs de l’université de York a démontré que l’apprentissage d’une langue étrangère ne s’oublie pas. 500 personnes, ayant passé entre 1970 et 2020 un diplôme en français langues étrangères, ont réalisé un test de vocabulaire et de grammaire dans la langue de Molière. Le professeur Monika Schmid, directrice du département de langue et de linguistique de l’université de York conclut : « La connaissance d’une langue est étonnamment stable sur de longues périodes (…) »
. Pour les scientifiques, le cerveau est maintenu en éveil grâce à des stimuli. Il suffit d’un mot stocké dans une partie du cerveau, pour stimuler le « réseau linguistique »
contenant les mots étrangers stockés.
Pourquoi certaines activités ne s’oublient-elles jamais ?
Au-delà des connaissances théoriques, d’autres savoirs (faire ses lacets, coudre à la main, faire du roller, battre des œufs en neige…) ne s’oublient jamais. Là encore, la répétition des mêmes gestes permet de les ancrer définitivement en mémoire. « La répétition d’activités (…) provoque l’activation des engrammes le temps nécessaire au développement de nouvelles synapses (points de contact entre les neurones, ndlr) »
, indique l’Inserm.
Ce phénomène s’explique également par la mémoire procédurale qui est celle des automatismes. Comme l’explique l’Inserm, elle permet d’effectuer des gestes sans avoir à réfléchir et à les réapprendre à chaque fois. « Les mouvements se font sous contrôle conscient et les circuits neuronaux impliqués sont automatisés »
, ajoute l’organisme. À cela s’ajoute le rôle des émotions. Lorsqu’un apprentissage est lié à une émotion positive, cela permet de mieux retenir l’information.