Depuis mardi soir, le 28 janvier, les réactions indignées se multiplient. Mais il a fallu du temps pour qu’elles dépassent les médias de la région lyonnaise. Les dégradations opérées au « tata » sénégalais de Chasselay [Rhône], une nécropole dédiée aux tirailleurs sénégalais, sont désormais unanimement condamnées.
La ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants et la préfète de région ont immédiatement dénoncé cet acte inqualifiable. Le président de la République a fait de même. « Honte et indignité », s’est-il insurgé, dans un message posté sur les réseaux sociaux, précisant : « Les Français savent ce qu’ils doivent aux tirailleurs sénégalais. Morts pour la France. » Quelques personnalités ont aussi dénoncé la violence d’un tel acte… mais la classe politique est restée plutôt silencieuse.
Que s’est-il passé exactement ? L’ocre rouge de la nécropole a été sali de peinture noire. La mémoire des derniers combattants de juin 1940, face aux Allemands, souillée. Des dégradations sur 48 des 198 stèles que compte le cimetière. Des tags sur les plaques des tirailleurs venus d’Afrique de l’Ouest à l’appel de la France en 1939-1940. Une inscription « Vaudou » sur les murs intérieurs. Le mât des couleurs du drapeau démonté afin de voler l’emblème national. Cette agression est d’une violence mémorielle insupportable.
C’est à la fois un acte raciste, une violence contre la mémoire des anciens combattants, une insulte à la République que l’on aime. Alors que Pétain avait baissé les armes, ces soldats avaient choisi de continuer le combat. Faits plusieurs prisonniers, ils furent exécutés par l’ennemi le 20 juin 1940. C’est, dans le contexte actuel, un signe explicite visant à exclure de la mémoire commune du 80e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale ceux qui ne sont pas blancs de peau. C’est un acte raciste, il faut le dire explicitement. C’est un acte qui vise aussi à diviser la nation.
Une « enceinte de terre sacrée »
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