« C’est du jamais-vu, résume Maxime de La Raudière, directeur général délégué du comparateur Selectra. Nous sommes parvenus à négocier la plus forte remise obtenue pour une offre d’électricité depuis l’ouverture du marché à la concurrence, en 2007. »
Son offre d’achat groupé auprès du fournisseur Mint Energie, à laquelle 2 500 ménages ont souscrit en décembre 2024, proposait un contrat d’électricité dont le prix hors taxe du kilowattheure était 30 % inférieur à celui du tarif réglementé de vente de l’électricité d’EDF. Comment une telle ristourne est-elle possible ? « Grâce à une efficacité opérationnelle et marketing » qui permet aux concurrents d’EDF d’afficher d’emblée 5 % à 10 % de réduction, estime M. de La Raudière.
Certes, réduire la voilure sur le service client peut minorer les tarifs. Mais l’explication est d’abord conjoncturelle : la remise sur pied du parc nucléaire, la production hydroélectrique record de 2024 et la baisse de la consommation ont permis d’apaiser le système et de tourner la page d’une année 2022 marquée par des niveaux record des prix sur le marché.
Mais cette chute des cours n’a pas profité à tous les acteurs à la même vitesse. Les concurrents d’EDF peuvent traduire en temps réel, dans leur grille tarifaire, la baisse des prix de l’électricité. Ils l’ont fait en 2023 et 2024, et cela leur a permis d’afficher rapidement un écart considérable avec les tarifs de l’opérateur historique.
« Les prix de l’électricité ne font que diminuer depuis la fin de l’année 2022. Les fournisseurs achètent l’électricité à environ 72 euros par mégawattheure pour 2026 [horizon qui leur permet de sécuriser l’approvisionnement en électricité de leurs clients], soit un niveau qui s’approche de celui d’avant la crise énergétique, qui se situait entre 50 euros et 60 euros », détaille Jean-Marc Dubreuil, associé au sein du cabinet WattValue.
Moindres écarts de prix
A l’inverse, le fournisseur historique doit jouer avec les règles du calcul du tarif réglementé de vente. Ce dernier est fonction du prix boursier moyen de l’électricité en 2023 et 2024. « Les tarifs réglementés de vente jouent le rôle d’amortisseurs, à la hausse comme à la baisse, car leurs niveaux sont lissés sur deux ans », explique Stéphanie Ruaudel, spécialiste des questions d’énergie chez Sia Partners. Pour 2025, les années 2023 et 2024 sont prises en compte, écartant donc l’annus horribilis de 2022. Il aura donc fallu attendre ce 1er février pour qu’EDF puisse afficher, enfin, un tarif réglementé en nette diminution, de 15 %.
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