Un bouton d’appel des secours dans un ascenseur désespérément muet. Une alarme incapable d’avertir les services de sécurité. Un bracelet de téléassistance inefficace en cas de chute d’une personne dépendante. Ces incidents risquent-ils de se multiplier avec la fermeture annoncée des réseaux mobiles 2G et 3G ?
Orange sera le premier à éteindre sa 2G, dès la fin de 2025. Il sera suivi, un an plus tard, par SFR et Bouygues Telecom. En 2028 et 2029, les trois opérateurs couperont ensuite la 3G. Les services de Free Mobile seront également concernés, le groupe de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde) utilisant la 2G d’Orange depuis sa création, en 2012.
Malgré le déploiement de la 4G et de la 5G, des millions d’équipements fonctionnent toujours sur les technologies précédentes. Les fédérations de la téléassistance (Afrata), des ascenseurs (FAS), des solutions électriques pour le bâtiment (Ignes) et de la télésécurité (GPMSE) estiment que 7,8 millions de dispositifs sont connectés en 2G et 3G, dont 4 millions en 2G. « Cette réalité n’a pas été prise en compte par les opérateurs », regrette Brice Brandenburg, responsable des affaires publiques de l’Ignes.
Un coût « non connu »
Orange a prévenu de la fin de la 2G en janvier 2022, soit quatre ans avant la fermeture définitive. Mais, selon les professionnels des alarmes, des ascenseurs ou de la téléassistance, ce délai est trop court pour migrer vers la 4G-5G. Entre le développement des équipements, leur certification, la mise en place de la chaîne de production et leur installation, ils estiment qu’ils auraient dû être prévenus six ou sept ans avant la date fatidique.
« Tous les industriels sont favorables à cette transition technologique, mais ils veulent avoir le temps de la réaliser avec des technologies pérennes, dans des conditions qui garantissent la continuité de service et le maintien de la sécurité des usagers », insiste Alain Béal, vice-président du GPMSE. Même en menant le chantier à marche forcée, cette fédération estime que 700 000 systèmes de télésurveillance pourraient ne pas être mis à jour à temps, sur un parc de 2,1 millions d’appareils.
Le coût de cette bascule technologique n’est pas totalement étranger à la colère de ces professionnels. Ils l’estiment à plusieurs centaines de millions d’euros. Rien que pour les alarmes, cela pourrait se chiffrer à 70 millions. Une facture qui finira sur la table des propriétaires d’immeubles, notamment les grands bailleurs sociaux. « Le coût n’est pas encore connu et n’a pas été provisionné », s’inquiète Nicolas Blanchard, responsable du pôle ingénierie chez CDC Habitat, une filiale de la Caisse des dépôts qui gère 560 000 logements dans l’Hexagone.
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