La trêve hivernale suspend les expulsions locatives entre le 1ᵉʳ novembre et le 31 mars, offrant chaque année un répit à des milliers de foyers modestes en France.
Mais alors qu’elle touche à sa fin ce lundi, les associations s’alarment d’un nombre déjà record d’expulsions locatives et dénoncent « l’absence de solutions » proposées par les autorités.
Encore un signe de l’aggravation de la crise du logement en France. Alors que la trêve hivernale touche à sa fin, ce lundi 31 mars, les commissaires de justice ont constaté en 2024 une explosion des expulsions de locataires, en hausse de 87% sur un an. Selon des chiffres présentés par la Chambre nationale des commissaires de justice, 24.000 procès-verbaux d’expulsion de ménages ont été délivrés l’année dernière, contre 12.825 en 2023.
Des « chiffres inédits qui dépassent le record précédent », souligne la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) dans un communiqué. « Jamais depuis 50 ans, il n’y a eu autant de locataires menacés d’expulsion à l’approche de la fin de la trêve hivernale, ni autant de demandes HLM (2,6 millions), de mal-logés (4,2 millions), ni autant de sans-abris (350.000) », abonde la plateforme Logement pour tous (CGT, le Droit au logement, Solidaires…).
Selon une étude de la Fondation pour le logement des défavorisés, un tiers des personnes expulsées se retrouvent sans aucune solution pérenne de relogement « et ce, 1 à 3 ans après leur expulsion ». « Sans option d’hébergement stable, les personnes sont souvent hébergées par leur famille, chez des amis, ou logent à l’hôtel dans des conditions indignes » ou se retrouvent « contraintes de vivre au camping ou bien dans leur voiture », souligne-t-elle. « Ce mode de vie entraîne des conséquences dramatiques sur leur vie professionnelle, familiale, leur santé physique et mentale, sur la scolarité des enfants et leurs liens sociaux », déplore encore l’organisation.
Une purge des dossiers bloqués par le Covid
Une purge des dossiers bloqués par le Covid
Régis Granier, vice-président de la Chambre nationale des commissaires de justice
Régis Granier, vice-président de la Chambre nationale des commissaires de justice, explique cette hausse par « une purge des dossiers bloqués par le Covid ». À laquelle s’ajoute une « problématique de pouvoir d’achat et de crise du logement », selon Benoît Santoire, président de la chambre. « Il y a un rattrapage des années Covid, mais aussi une dégradation de la situation des impayés, liée à la fois à une fragilisation des ménages au moment du Covid et surtout à l’inflation des années 2021, 2022, 2023 et des grandes difficultés à payer toutes les factures », retrace quant à lui Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés.