C’était une promesse d’Emmanuel Macron, annoncée lors d’un discours à Mulhouse (Haut-Rhin) en février 2020 puis confirmée dans une autre prise de parole aux Mureaux (Yvelines) en octobre de la même année. Pour lutter contre le séparatisme islamiste, la France a décidé de ne plus accueillir d’imams détachés, c’est-à-dire des imams étrangers financés par d’autres pays, à compter du 1er janvier 2024. Une mesure qui, un an plus tard, se met encore doucement en place.
Ils étaient quelque 300 imams envoyés et payés jusque-là par différents pays, après des accords bilatéraux signés dans les années 1980 pour pallier le manque de ministres des cultes musulmans en France. Ces fonctionnaires d’Etats étrangers venaient majoritairement de Turquie (environ 150), d’Algérie (120) et du Maroc (30) et représentaient environ 10 % des imams en France.
Depuis le 1er janvier 2024, ces imams étrangers ont le droit de rester en France mais ont dû changer de statut. Ils ne peuvent plus être fonctionnaires de leur pays d’origine et doivent être salariés d’une association française s’ils souhaitent continuer d’exercer. Pour le ministère de l’intérieur, interrogé par Le Monde, il s’agissait de rompre « un lien de subordination » qui pouvait exister avec une puissance étrangère. Le suivi d’un diplôme universitaire sur la laïcité et une maîtrise de la langue française sont aussi exigés.
Un modèle économique à repenser
Un an plus tard, difficile de dire exactement combien de ces anciens imams détachés, qui ne sont plus aujourd’hui fonctionnaires de leur pays, sont encore sur le territoire français. Selon différents responsables du culte musulman, il resterait une petite centaine d’Algériens, 27 Marocains, tandis qu’il n’y a plus d’imams turcs depuis avril 2024.
Sur le papier, ce changement de statut est le résultat d’un accord collectif, notamment avec les pays concernés. Mais la bonne volonté de tous s’est vite heurtée à la réalité de la situation financière des mosquées françaises. Un contrat à durée indéterminée et les charges qui vont avec sont des dépenses trop lourdes à assumer pour des petites structures. Et si elles se lancent tout de même dans la démarche, le salaire ne dépassera pas le smic, quand un imam détaché algérien pouvait gagner autour de 2 500 euros par mois lorsqu’il était rémunéré par son pays d’origine.
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